Dans la course présidentielle aux dollars, les vainqueurs sont à ce stade la démocrate Hillary Clinton, son rival socialiste Bernie Sanders et le conservateur Ben Carson, selon des chiffres officiels. Le milliardaire Donald Trump, en tête des sondages républicains, autofinance quant à lui sa candidature.

Le dépôt tous les trois mois des comptes de campagne auprès de la commission fédérale électorale (FEC) est un rituel des élections présidentielles aux États-Unis, les montants levés donnant une indication supplémentaire du dynamisme ou de la perte de vitesse des candidats. Jeudi minuit était la date limite pour le troisième trimestre, de juillet à septembre 2015.

Pour Jeb Bush, un temps favori de l'investiture républicaine, la dégringolade dans les sondages s'est accompagnée d'un assèchement des dons. Il a récolté en trois mois 13 millions de dollars.

Le chiffre est à mettre en perspective avec les 21 millions levés dans le même temps par Ben Carson, un nouveau venu de la politique qui s'est hissé en deuxième position dans les sondages, derrière le milliardaire Donald Trump. Ce dernier a reçu des dons «non sollicités», mais autofinance sa candidature; il dit avoir personnellement dépensé deux millions de dollars.

Mais l'héritier de la dynastie Bush peut compter sur un trésor de guerre de plus de 100 millions amassé depuis janvier par ses amis du comité Right to Rise USA. Ce type d'organisations, très controversées et rendues possibles par la Cour suprême depuis 2010 au nom de la liberté d'expression, peut légalement recevoir des dons sans plafond, alors que les comités officiels limitent les dons à 2700 $ par personne. Toutefois, la loi interdit au candidat de coordonner la manière dont cet argent est dépensé.

Tous candidats confondus, Hillary Clinton reste la reine, avec 30 millions récoltés en trois mois et 77 millions depuis avril, et un solde record de 33 millions. Ses équipes ont beaucoup dépensé pour ouvrir des bureaux dans des États stratégiques comme l'Iowa et le New Hampshire, et payer des publicités en ligne et à la télévision.

Son rival, le sénateur indépendant et socialiste Bernie Sanders, a surpris le monde politique en récoltant 41 millions depuis avril, principalement via des petits dons par internet. Il en a même fait un slogan: sa candidature est financée par les Américains ordinaires, «pas les milliardaires».

Sa prestation au premier débat des primaires démocrates, mardi, a déclenché un déluge de dons, a indiqué son équipe: 3,2 millions récoltés en trois jours, soit plus que certains candidats en trois mois.

Toutes ces déclarations sont importantes, mais elles laissent de côté tout un pan obscur du financement électoral moderne. Sous l'impulsion de la Cour suprême, des organisations au statut non lucratif ont émergé, capables de diffuser des publicités politiques tout en gardant la liste de leurs donateurs secrète.

La seule condition est que leur activité principale ne soit pas politique, un critère difficile à contrôler.