L'Oregon, où a eu lieu la fusillade de jeudi, avait récemment renforcé ses lois sur les ventes d'armes à feu, comme beaucoup d'autres États américains de tendance démocrate et frustrés de l'impasse politique au niveau fédéral.

Plus que jamais, les États-Unis sont un patchwork de lois, la fusillade de Sandy Hook en 2012 n'ayant pas conduit à la grande réforme nationale que les militants anti-armes espéraient voir adoptée au Congrès.

Le 14 décembre 2012, un jeune homme de 20 ans, apparemment perturbé, avait tué 26 personnes, dont 20 enfants de CP, dans l'école de Sandy Hook à Newtown, provoquant une onde de choc dans le pays.

On sait encore peu de choses des circonstances de la tuerie en Oregon, des armes utilisées ou de l'identité du tireur.

Mais l'Oregon est au-dessus de la moyenne des États en termes de règlementation, selon Laura Cutilletta, avocate au Law Center to Prevent Gun Violence, une organisation de référence en Californie.

Contrôles d'antécédents judiciaires et psychiatriques

Les élus locaux y ont rendu obligatoires cette année les contrôles d'antécédents judiciaires et psychiatriques avant toute vente d'armes, l'un des 18 États sur 50 à le faire. Ailleurs, les ventes dans les foires ou sur internet se font sans contrôle préalable, une faille connue. 

Mais l'Oregon n'interdit pas le transfert d'armes d'assaut et n'a pas de période d'attente avant l'achat d'une arme.

Depuis 2013, une vague de lois locales dans les États dirigés par les démocrates ont ainsi renforcé l'encadrement des ventes d'armes à feu.

« On n'attend pas grand-chose du Congrès. C'est pourquoi on se concentre sur les États », explique Laura Cutilletta à l'AFP.

Tous les États autorisent le port d'armes dissimulées en public avec un permis. Mais certains sont très restrictifs sur les ventes, le nombre d'armes qu'une personne peut acheter, qui peut obtenir un permis et comment. La Californie interdit par exemple la vente de chargeurs à haute capacité et la plupart des armes d'assaut.

D'autres, comme la Géorgie et la Caroline du Sud, ont pris le chemin inverse et autorisé le port d'armes dans plus d'endroits comme les bars, les lieux de culte ou aéroports. Le Texas vient de l'autoriser sur les campus universitaires, pour que les étudiants puissent se défendre.

Après Sandy Hook, l'ambition des réformistes était modeste : ils n'espéraient pas interdire la vente des armes les plus dangereuses, comme les fusils semi-automatiques. Leur but était de généraliser dans tout le pays la vérification des antécédents avant toute vente d'armes.

Las, le 17 avril 2013, « jour de honte » selon Barack Obama, le Sénat rejetait le projet de réforme, avec l'appui des républicains et de démocrates proches du lobby des armes à feu, la National Rifle Association.

Le mouvement réformiste tente de contrer l'extraordinaire influence de la NRA par de grandes campagnes de sensibilisation. L'ancien maire milliardaire de New York Michael Bloomberg et son organisation Everytown for Gun Safety ont investi des millions dans les législatives de 2014 pour faire battre les candidats préférés de la NRA.

Coïncidence, 147 élus du Congrès avaient lancé un appel plus tôt jeudi pour lutter contre l'« épidémie » de violences par armes à feu.

En moyenne, selon le centre Brady, 32 000 personnes sont mortes par armes à feu chaque année de 2009 à 2013, dont environ 20 000 suicides.