Le département d'État a mis en ligne mercredi plusieurs milliers de messages envoyés ou reçus par Hillary Clinton lorsqu'elle dirigeait la diplomatie américaine, des communications au coeur d'une polémique car elle utilisait exclusivement un compte privé.

L'équivalent de 6300 pages de messages datant de 2010 et 2011 et expurgés d'informations sensibles ou confidentielles, soit 3849 documents, ont été rendus publics sur un site du département d'État, le cinquième lot depuis mai.

Au total, 37 % de la correspondance transmise pour archivage par Hillary Clinton au département d'État a été publiée.

Les messages vont du trivial au diplomatique. Ceux signés d'Hillary Clinton dépassent rarement une ligne.

En 2010, elle raconte, agacée, avoir ferraillé « avec le standardiste de la Maison-Blanche qui ne me croit pas quand je dis qui je suis ».

« Où en est-on là-dessus? » relance-t-elle à propos d'un rendez-vous demandé par l'ancien ministre Bernard Kouchner.

« Merci de caler une interview avec Carol Evans pour son magazine », demande un jour la secrétaire d'État à ses conseillers presse. « Je tombe toujours sur elle à Chappaqua et je lui ai promis de le faire ».

En mai 2011, le sénateur John Kerry lui écrit, depuis son iPad, pour lui raconter son dîner avec le président afghan d'alors, Hamid Karzaï.

Elle dit à ses collaborateurs en janvier 2011 sa colère de découvrir que le département d'État avait substitué les champs « parent 1/parent 2 » à ceux de « père/mère » dans les formulaires de demande de passeports. « Il faut régler ça aujourd'hui ou nous allons faire face à une énorme tempête médiatique créée par Fox et menée par Palin et compagnie ».

Les messages de l'ex-secrétaire d'État font l'objet d'une controverse depuis qu'elle a reconnu, en mars, qu'elle avait exclusivement utilisé une messagerie privée @clintonemail.com de 2009 à 2013, délaissant l'adresse gouvernementale malgré les recommandations officielles.

La candidate à la Maison-Blanche martèle que c'était légal, mais elle s'est finalement excusée en septembre.

Fin 2014, elle a transmis au département d'État ses communications diplomatiques (55 000 pages imprimées, environ 30 000 messages), à charge aux fonctionnaires de les archiver et de les mettre à disposition du public. Le reste des messages, d'ordre personnel selon elle, a été effacé de son serveur.

Tous les messages devront être publiés avant le 20 janvier 2016, a ordonné un juge saisi par un journaliste de Vice News, une initiative appelée de ses voeux par Hillary Clinton, qui jure la transparence.

Les républicains du Congrès s'alarment que certains des messages, envoyés depuis un serveur non protégé par le gouvernement, aient été rétroactivement classifiés. Hillary Clinton s'en expliquera devant la Chambre des représentants le 22 octobre.

Les messages sont publiés le dernier jour de chaque mois. Dans le premier lot figuraient ceux liés à la Libye, dont celui-ci, envoyé quelques heures avant les attaques de Benghazi le 11 septembre 2012 : « peux-tu nous trouver une copie du film de Bernard Henri-Levi (sic) sur la Libye? ».