L'administration Obama, qui peine à fermer pour de bon la prison de Guantanamo, à Cuba, est prise dans un conflit entre les nombreux intervenants impliqués dans le processus.

Des porte-paroles de la Maison-Blanche et du Pentagone s'accusent mutuellement d'être responsables du piétinement des procédures visant à mettre fin aux opérations de l'établissement pour ainsi relâcher certains détenus et relocaliser les autres dans des prisons.

Le secrétaire à la Défense Ash Carter se fait critiquer par certains membres de l'administration, qui l'accusent d'avoir approuvé trop peu de transferts, même si 52 prisonniers de Guantanamo y seraient admissibles. Son prédécesseur, Chuck Hagel, avait été forcé à démissionner parce que la Maison-Blanche estimait qu'il se traînait les pieds pour envoyer les détenus vers d'autres pays.

Barack Obama aurait discuté de la question litigieuse avec M. Carter lorsqu'il a été nommé à son poste, plus tôt cette année, et l'administration a cru qu'il était d'accord avec l'idée d'accélérer la fermeture de la prison.

D'autres porte-paroles affirment toutefois que M. Carter a procédé à certains transferts et qu'il a incité ses employés à presser le pas eux aussi.

Certains estiment par ailleurs que le processus est compliqué par la bureaucratie.

Les transferts doivent être révisés par des représentants de la défense, de l'armée, des services de renseignements et d'autres positions administratives. Pour accorder un transfert à un individu, les autorités doivent être convaincues qu'il ne se livrera pas à des activités terroristes et un pays doit être prêt à l'accueillir.

Dans un communiqué publié samedi, l'attaché de presse du Pentagone Peter Cook a affirmé que M. Carter avait, tout comme M. Obama, l'objectif de fermer «de façon responsable» le centre de détention et qu'il travaillait sur un plan «diligemment».

«En travaillant avec ses partenaires des autres agences et le Congrès, sa priorité a toujours été et sera toujours d'assurer la sécurité des Américains», a déclaré M. Cook.

Pendant ses deux ans à la tête du Pentagone, M. Hagel avait donné son accord à 44 transferts de détenus. Dans ses sept premiers mois, M. Carter n'en a permis que six.

Barack Obama a promis de fermer l'établissement depuis sa première élection, en 2008, arguant que de maintenir la prison allait à l'encontre des valeurs américaines, puisque plusieurs détenus y sont sans avoir été accusés ou sans avoir été jugés équitablement.

Certains critiques de la prison affirment que ses résidants sont essentiellement des prisonniers de guerre.

À son apogée, Guantanamo abritait 680 prisonniers. Elle compte maintenant 116 personnes. Le problème est souvent que peu de pays se montrent ouverts à accueillir les détenus.

«Trouver une solution pour ces individus nécessite des négociations complexes avec nos partenaires internationaux, plusieurs discussions avec les dirigeants des services de sécurité nationaux et mon approbation finale», a expliqué M. Carter aux journalistes.

L'un des acteurs clés est le général Martin Dempsey, le chef d'état-major des armées des États-Unis, qui, selon plusieurs, est très minutieux dans son évaluation et ses recommandations seraient très influentes.

Selon des porte-paroles bien au fait du dossier, M. Carter aurait prévenu le Congrès qu'il avait approuvé deux transferts et qu'il se préparait à en signer quatre autres probablement plus tard ce mois-ci. Le Congrès a 30 jours pour lire les détails des opérations avant que les documents soient rendus publics.

La plupart des sources interrogées ont requis l'anonymat puisqu'elles ne pouvaient pas discuter publiquement de la question.