La fin de l'été 2015 n'arrivera pas assez vite pour Hillary Clinton. La favorite de la course à l'investiture démocrate pour la présidence n'a peut-être pas connu une saison en enfer au cours des derniers mois, mais pas loin, comme en fait foi un nouveau sondage la plaçant au deuxième rang en Iowa. Retour sur les principaux problèmes qui plombent sa campagne et inquiètent ses alliés.

Bernie Sanders

Il a vu le jour il y a 74 ans dans une famille juive de Brooklyn. Il représente au Sénat américain un petit État - le Vermont - très peu représentatif du reste des États-Unis. Et il se définit lui-même comme un socialiste. Comment Hillary Clinton, sachant tout cela, aurait-elle pu prévoir que Bernie Sanders lui causerait des ennuis? C'est pourtant le cas: le sénateur du Vermont devance l'ancienne secrétaire d'État non seulement au New Hampshire, mais également en Iowa (par un point, selon un sondage de l'Université Quinnipiac publié hier), les États où se tiendront les deux premières étapes de la course à l'investiture du parti en 2016. Avec son appel à une «révolution politique» contre «les milliardaires et les oligarques» qui manipulent à son avis le système politique américain, le septuagénaire soulève l'enthousiasme de la gauche démocrate et attire les foules. Le problème d'Hillary Clinton, face à un tel adversaire, n'est pas seulement qu'elle incarne un establishment honni, mais qu'elle mène une campagne dénuée de passion.

Courriels

«C'était une erreur. J'en suis désolée. J'en prends la responsabilité», a déclaré Hillary Clinton lors d'une interview diffusée mardi sur ABC. De quoi s'excusait-elle? De son utilisation exclusive d'un serveur et d'une messagerie personnels, à la place d'un compte gouvernemental, durant ses quatre années à la tête du département d'État. Si la candidate démocrate a fini par juger bon d'admettre une erreur dans cette affaire révélée il y a six mois, c'est qu'elle espérait mettre fin à une polémique qui risque d'obscurcir le reste de sa campagne. «J'aurais pu, et j'aurais dû, mieux faire pour répondre aux questions plus tôt», a-t-elle écrit le même jour à ses partisans. Mais le mal est peut-être déjà fait. Plusieurs analystes ont établi un lien entre cette polémique et la hausse du nombre d'Américains qui, selon les sondages, sont prêts à utiliser les mots «menteuse» et «indigne de confiance» pour parler d'Hillary Clinton. Peut-elle inverser cette tendance? La question commence à inquiéter certains démocrates.

Médias

C'est une évidence: Hillary Clinton est souvent sa pire ennemie. Mais les médias jouent aussi un rôle crucial dans ses problèmes. Et pas toujours pour les bonnes raisons. Depuis mars, par exemple, le New York Times a publié deux articles exclusifs sur les courriels de l'ancienne secrétaire d'État comportant de sérieuses erreurs. L'un laissait entendre qu'elle avait probablement enfreint la loi et l'autre, qu'une enquête criminelle la ciblant avait été réclamée par des inspecteurs généraux du gouvernement. C'était faux dans les deux cas. Il faut ajouter à ces informations erronées qui ne disparaissent jamais complètement du paysage une certaine obsession médiatique pour les «problèmes» d'Hillary Clinton. Exemple: les commentateurs ont beaucoup parlé la semaine dernière d'un sondage Gallup indiquant que le nombre d'Américains (41%) ayant une opinion favorable de la démocrate n'avait jamais été aussi bas. La plupart ont passé sous silence le fait que ce pourcentage était supérieur à celui récolté par tous ses adversaires républicains.