Ce n'est pas l'agitation des marchés ni l'accord nucléaire avec l'Iran qui accapare l'attention du Tout-Washington en cette fin d'été : les regards sont tournés vers Joe Biden, pour tenter de deviner si le vice-président démocrate va se lancer dans la course à la Maison-Blanche.

Les conjectures se sont multipliées ces dernières semaines : le bras droit de Barack Obama va-t-il disputer à l'ancienne secrétaire d'État Hillary Clinton la nomination démocrate et entrer dans la course à la présidence en 2016?

Déjà deux fois candidat malheureux, Joe Biden, 72 ans, partirait perdant pour ce troisième essai face à Hillary Clinton, déjà forte d'une caisse électorale bien remplie, entourée d'une solide équipe de campagne et en tête des sondages du parti depuis plus d'un an.

Candidate déçue en 2008, lorsque sa tentative de devenir la première femme président des États-Unis a échoué face à Barack Obama, Hillary Clinton fait pourtant face à des difficultés. Sa cote de popularité est à la baisse, plombée par un scandale lié à son usage de courriels personnels pour des sujets sensibles lorsqu'elle pilotait le département d'État. Et son avance dans les sondages est entamée par Bernie Sanders, candidat de la gauche du parti démocrate.

Se décrivant comme un socialiste, mot presque tabou aux États-Unis, Bernie Sanders, 73 ans, attire les foules, mais inquiète les plus modérés au sein du parti. Une candidature de Joe Biden pourrait s'attirer les faveurs de ces derniers et de ceux qui craignent aussi une explosion en vol de la tentative d'Hillary Clinton.

La «meilleure décision» d'Obama

«Se lancera-t-il?» : Joe Biden a fait grandir les rumeurs ce week-end en rencontrant discrètement la sénatrice Elizabeth Warren, puissante faiseuse d'opinions au sein du parti démocrate.

Puis il aurait reçu tard chez lui lundi soir deux anciens conseillers de Barack Obama à la Maison-Blanche, Anita Dunn et Bob Bauer, selon CNN. Enfin, Barack Obama lui aurait donné sa «bénédiction» pour qu'il se lance lors d'un déjeuner lundi, selon une source démocrate citée par la chaîne mardi.

La fièvre des pronostics a atteint un nouveau sommet avec les déclarations du porte-parole de la Maison-Blanche, Josh Earnest, qui a souligné publiquement lundi la confiance qu'a Barack Obama en son numéro deux.

Rappelant que M. Obama s'était toujours félicité de sa décision de choisir Joe Biden comme colistier en 2008 - sa «meilleure décision en politique» -, M. Earnest a souligné devant la presse qu'elle démontrait la confiance du président dans «les capacités» de ce dernier à occuper les plus hautes fonctions.

Refusant de révéler si Barack Obama songeait à soutenir Joe Biden ou Hillary Clinton, il a toutefois indiqué que le président pourrait finalement s'engager pour un candidat «lors des primaires démocrates».

Après avoir déjà tenté sa chance à deux reprises sans succès, aux primaires de 1998 et 2008, le vice-président a annoncé qu'il prendrait une décision d'ici la fin de l'été, soit avant le 23 septembre.

Il semble de plus en plus probable qu'il soit en train de soupeser si lui et sa famille, encore endeuillée par le décès récent de son fils Beau, sont prêts psychologiquement pour une course à la présidence.

Du côté de son parti, le gouverneur de Californie Jerry Brown a enjoint Joe Biden à «envisager sérieusement» de se lancer.

Le premier vote des primaires n'aura lieu que début février, mais Joe Biden devrait entrer en lice sous peu s'il veut avoir une chance. Le premier débat entre les candidats démocrates est prévu le 13 octobre.