Donald Trump, empêtré dans une polémique sur ses propos concernant les clandestins mexicains et le sénateur John McCain, a fortement consolidé sa place en tête de la course à l'investiture républicaine pour la Maison-Blanche, selon une enquête publiée lundi.

Le magnat de l'immobilier est le préféré de 24% des électeurs républicains interrogés dans un sondage publié par le Washington Post et ABC News, le meilleur score atteint par un candidat cette année, loin devant ses rivaux Scott Walker (13%) et Jeb Bush (12%).

Mais le sondage a été réalisé de jeudi à dimanche, et le Post précise que la majorité des personnes interrogées l'ont été avant les déclarations de Donald Trump contre John McCain samedi. La popularité de Donald Trump a fortement baissé parmi les personnes ayant répondu au sondage après ce dernier incident, explique le journal.

John McCain est un ancien pilote de l'US Navy, fait prisonnier pendant plus de cinq ans durant la guerre du Vietnam. Il a critiqué vertement Donald Trump pour ses propos anti-immigrés, particulièrement à l'égard des clandestins mexicains que ce dernier a assimilés pour la plupart à des délinquants.

Passablement agacé par ces critiques, le milliardaire a répliqué samedi que le sénateur n'était «pas un héros de guerre», et qu'il ne jouissait de ce statut que «parce qu'il a été capturé». «J'aime les gens qui n'ont pas été capturés», a-t-il dit.

Dans un pays qui vénère ses soldats, attaquer un ancien combattant prisonnier de guerre et torturé est considéré comme une faute lourde, et de nombreux républicains ont immédiatement condamné les propos.

«Il doit probablement des excuses aux familles de ceux qui ont tant sacrifié dans des conflits, et ceux qui ont dû endurer un emprisonnement au service de leur pays», a répondu John McCain sur la chaîne MSNBC lundi.

Donald Trump a refusé de présenter des excuses. Il a expliqué qu'il reprochait à John McCain, élu au Congrès depuis 1982, de n'avoir rien fait pour les anciens combattants, et a accusé les médias de l'avoir cité hors contexte.

«Je respecte aussi beaucoup les gens qui n'ont pas été capturés, personne ne parle d'eux», a-t-il plaidé sur la chaîne NBC. «On parle de John McCain, c'est très bien, c'est un homme très courageux et tout ça, mais on ne parle pas des gens qui n'ont pas été capturés, et c'est ce dont j'essayais de parler».

À moins d'une retombée spectaculaire dans les prochaines semaines, il semble assuré de se qualifier pour le premier débat télévisé des primaires, le 6 août sur Fox News, auquel les dix candidats les mieux placés seront invités.

Le sondage Washington Post/ABC News a été réalisé auprès de 1002 adultes avec une marge d'erreur de 3,5 points.

Les candidats à la Maison-Blanche en 2016

La présidentielle américaine de novembre 2016 a attiré un nombre record de candidats, dont voici la liste pour chaque parti. Les primaires devraient commencer en février 2016, mais le calendrier n'est pas encore fixé définitivement.

Le parti républicain n'a jamais vu autant de candidatures dans son histoire récente. En 2011, une dizaine de candidats plus ou moins connus s'étaient lancés, mais seuls neuf avaient participé au plus grand débat télévisé de la campagne. En mai 2007, 10 candidats avaient participé au premier débat.

Cette année, pour faire face à l'excès de candidats, Fox News invitera les 10 mieux placés dans les sondages à participer au débat télévisé du 6 août, les autres seront conviés à un forum télévisé dans l'après-midi.

16 RÉPUBLICAINS

- Jeb Bush: 62 ans, gouverneur de Floride de 1999 à 2007, frère et fils des anciens présidents Bush. Sa femme Columba serait la première Première dame d'origine mexicaine. Il défend son bilan conservateur tout en projetant une image de pragmatique. Sa campagne est la mieux financée de toutes (déclaré le 15 juin).

- Donald Trump : 69 ans, magnat de l'immobilier et des affaires, il a surgi dans les sondages, mais ses propos sur les clandestins mexicains et un dérapage sur le sénateur et ancien pilote John McCain, «pas un héros» militaire selon lui, ont suscité l'indignation dans son camp (16 juin).

- Scott Walker : 47 ans, gouverneur du Wisconsin, ennemi public des syndicats pour avoir remis en cause des acquis sociaux de fonctionnaires en 2011. Cette bataille a fait sa réputation nationale. Il cultive une image d'Américain ordinaire du Midwest (13 juillet).

- Marco Rubio : 44 ans, sénateur de Floride depuis 2011. Né de parents immigrés cubains à Miami, parfaitement bilingue, il promeut une défense forte et un réengagement américain dans le monde, mais ses positions variables sur l'immigration ont écorné son image chez les conservateurs (13 avril).

- Ben Carson : 63 ans, brillant neurochirurgien à la retraite, seul Afro-Américain de la course. Critiqué pour des déclarations jugées choquantes sur les homosexuels et la réforme du système de santé de Barack Obama, qu'il a comparée à l'esclavage (4 mai).

- Mike Huckabee : 59 ans, ancien gouverneur de l'Arkansas et pasteur baptiste. Il s'est déjà présenté en 2008 et a animé entre-temps une émission sur la chaîne d'informations conservatrice Fox News (5 mai).

- Ted Cruz : 44 ans, sénateur du Texas, excellent orateur et avocat renommé de causes conservatrices, notamment devant la Cour suprême au nom de l'État du Texas. Père cubain. Né à Calgary en Alberta. Courtise l'électorat évangélique (23 mars).

- Rand Paul : 52 ans, sénateur du Kentucky, représentant de l'aile libertaire du parti républicain, fils d'un ancien candidat à la présidentielle. Sa stratégie électorale passe par la conquête de nouveaux électeurs noirs et hispaniques (7 avril).

- Rick Perry : 65 ans, il fut gouverneur du Texas pendant 14 ans, plus longtemps qu'aucun de ses prédécesseurs. Sa candidature aux primaires de 2012 s'était terminée dans la confusion, après de désastreuses performances pendant les débats (4 juin).

- Carly Fiorina : 60 ans, ancienne patronne de Hewlett-Packard, elle a perdu la sénatoriale de 2010 en Californie, engloutissant plusieurs millions de dollars de sa fortune personnelle. C'est la seule femme en lice (4 mai).

- Rick Santorum : 57 ans, ancien sénateur de Pennsylvanie, champion de la droite religieuse, il veut être la voix des cols bleus (27 mai).

- Lindsey Graham : 60 ans, sénateur de Caroline du Sud, «fils illégitime» de John McCain, plaisante souvent son collègue et ami, avec lequel il représente la ligne des faucons conservateurs en défense et politique étrangère (1er juin).

- Chris Christie : 52 ans, gouverneur du New Jersey. Connu pour son franc-parler, voire son impolitesse, il a dégringolé dans les sondages après un scandale sur des embouteillages créés artificiellement dans la commune d'un adversaire politique (30 juin).

- Bobby Jindal : 44 ans, gouverneur de Louisiane, fils d'immigrés indiens, converti au catholicisme, et ancien consultant chez McKinsey (24 juin).

- George Pataki : 70 ans, ancien gouverneur de l'État de New York au moment des attentats du 11-Septembre (28 mai).

- John Kasich : 63 ans, gouverneur de l'Ohio, réélu dans un fauteuil en novembre, il tentera d'élever au niveau national son expérience exécutive locale (annonce prévue mardi 21 juillet).

5 DÉMOCRATES

- Hillary Clinton : 67 ans, favorite, l'ex-Première dame, sénatrice et secrétaire d'État a adopté pour sa seconde tentative un ton plus personnel, évoquant l'enfance difficile de sa mère ou sa petite-fille Charlotte. Dans l'oeil du public depuis plus de trois décennies, elle continue de souffrir d'un déficit de confiance chez certains électeurs (déclarée le 12 avril).

- Bernie Sanders : 73 ans, sénateur indépendant du Vermont, socialiste déclaré, il concurrence Hillary Clinton sur sa gauche et attire les plus grandes foules de l'été dans ses rassemblements (30 avril).

- Martin O'Malley  : 52 ans, ancien gouverneur du Maryland et ancien maire de Baltimore, peu connu, il est le plus jeune démocrate dans la course et a adopté un virulent discours anti-Wall Street (30 mai).

- Lincoln Chafee : 62 ans, ancien sénateur et gouverneur du petit État progressiste du Rhode Island, il a commencé sa carrière comme républicain avant de devenir démocrate en 2013 (3 juin).

- Jim Webb : 69 ans, ancien sénateur de Virginie, ancien Marine, antiguerre, il courtise l'aile conservatrice du parti démocrate (2 juillet).