LeLe secrétaire américain à la Défense Ashton Carter propose d'ouvrir l'armée américaine aux transgenres, qui aujourd'hui n'ont pas le droit de servir et peuvent être chassés de l'armée s'ils dévoilent leur identité, a-t-il annoncé lundi dans un communiqué.

Le ministre a créé un groupe de travail chargé d'étudier les conséquences pour l'armée d'une telle ouverture, et de remettre un rapport dans six mois, a-t-il expliqué dans une déclaration remise à la presse.

«A ma demande, le groupe de travail fera son oeuvre avec la présomption que les personnes transgenres peuvent servir ouvertement sans effets négatifs» pour l'efficacité militaire, «sauf lorsque des obstacles objectifs, pratiques sont identifiés», a indiqué M. Carter.

«Nous devons nous assurer que tous ceux qui sont capables de servir et en ont la volonté ont une opportunité égale de le faire», a-t-il souligné.

Pendant les guerres de ces dernières années, «des hommes et des femmes transgenres ont été là avec nous, même si souvent ils devaient servir en silence», a souligné M. Carter.

Selon Human Rights Campaign, la plus importante des associations défendant les transgenres, ceux-ci seraient environ 15 500 dans l'armée américaine aujourd'hui.

Ils risquent l'expulsion pour raison médicale, même si elle n'est pas systématiquement appliquée et si certains militaires ont pu servir sans se cacher.

«Les transgenres américains ont le droit de servir leur pays ouvertement et honnêtement et, pendant bien trop longtemps, cette interdiction discriminatoire les a privés de cette dignité», a déclaré le président de HRC, Chad Griffin.

La décision a aussi été saluée par Logan Ireland, un membre transgenre de l'US Air Force qui n'a pas pas eu de problèmes avec sa hiérarchie et a été reçu le mois dernier en uniforme à la Maison-Blanche avec sa fiancée, le caporal Laila Villanueva, elle aussi transgenre, à l'occasion d'une réception honorant la communauté LGBT.

«Mes supérieurs m'ont toujours traité avec respect et dignité», a déclaré Logan Ireland.

«Je suis heureux qu'il y aura désormais une politique claire, pour que d'autres comme moi puissent continuer à servir avec dignité», a-t-il dit, cité par un communiqué de l'association Sparta, qui regroupe des militaires LGBT, actuels ou anciens.

M. Carter a demandé que pendant les six mois de préparation du rapport, les décisions d'exclusion éventuelles ne puissent être prises qu'au sommet de la hiérarchie du Pentagone, par le sous-secrétaire chargé du personnel, Brad Carson.

L'interdiction des transgenres relevait de la réglementation médicale du Pentagone, et la supprimer sera une décision réglementaire, ne relevant pas du Congrès.

L'une des plus célèbres transgenres de l'armée américaine est Chelsea Manning, l'ancienne taupe de Wikileaks qui, sous le nom de Bradley Manning, avait transmis au site internet plus de 700 000 documents confidentiels et a été condamnée à 35 ans de prison.

Le 5 février dernier, Chelsea Manning, incarcérée dans une prison militaire, a obtenu le droit de recevoir un traitement hormonal pour son changement de sexe.

Les autorités l'ont autorisée à se maquiller et à porter des sous-vêtements féminins, mais pas à se laisser pousser les cheveux.

Les homosexuels ont le droit de servir ouvertement dans l'armée américaine depuis 2011, après l'abolition de la loi dite «don't ask, don't tell» (ne rien demander, ne rien dire) de 1993.