Les techniques d'interrogatoire brutales utilisées par la CIA sur de présumés membres d'Al-Qaïda après le 11-Septembre ont été validées par des directives éthiques «permissives» et «laxistes», conçues avec l'association des psychologues américains.

Certains membres de l'American Psychological Association (APA), y compris des responsables, ont cherché à «se faire bien voir» des responsables militaires, explique ce rapport de 542 pages commandé par l'APA et publié vendredi sur son site.

Les agences gouvernementales «voulaient des directives éthiques permissives/laxistes pour que leurs psychologues puissent continuer à participer à ces techniques d'interrogatoire violentes», telles que la simulation de noyade ou la privation de sommeil, précise le rapport.

«La principale motivation de l'APA était de s'aligner sur le ministère de la Défense et de s'en s'attirer les faveurs. Il y avait deux autres motivations importantes: créer de bonnes relations entre eux et continuer à développer la psychologie» dans l'armée.

La commission du Renseignement du Sénat américain a publié en décembre un rapport détaillant la brutalité de ces techniques d'interrogatoire, comme la réhydratation rectale ou les passages à tabac, qualifiées de tortures par les organisations de défense des droits de l'homme et utilisées par la CIA sur de présumés membres du réseau islamiste Al-Qaïda après le 11-Septembre.

Le directeur de l'éthique de l'APA, Stephen Behnke, a notamment travaillé avec un psychologue de l'armée pour rédiger des communiqués et a obtenu un contrat du Pentagone pour former des militaires qui devaient mener ces interrogatoires.

Mais ce responsable de l'APA n'a pas informé l'association de son travail au Pentagone.

Selon le rapport, deux anciens présidents de l'APA ont siégé dans des commissions de la CIA et l'un deux a affirmé à l'agence d'espionnage qu'il ne considérait pas la privation de sommeil comme de la torture.

L'APA s'est aussitôt «excusée» vendredi et a assuré qu'elle réviserait sa politique en interdisant notamment à ses psychologues de participer directement aux interrogatoires.

«Notre organisation n'avait pas l'intention d'autoriser des techniques d'interrogatoires violentes ou de participer à la violation des droits de l'homme, mais cela a pu en résulter», a affirmé Nadine Kaslow, qui a commandé ce rapport.

«Nous présentons nos excuses pour ce comportement et les conséquences qu'il a entraînées», a affirmé l'APA.

En 2005, un groupe de travail de l'APA avait conclu qu'il n'y avait pas de violations éthiques dans la participation de ses psychologues aux techniques d'interrogatoires dites «poussées» du gouvernement.

Or, M. Behnke aurait «participé en coulisses aux conclusions de ce groupe de travail», précise le rapport.

Les opposants à ces techniques cités dans le rapport affirment que les décisions de l'APA étaient prises «avec l'intention d'aider le gouvernement à commettre la torture».

Ces directives éthiques «ont donné la priorité à la protection des psychologues (...) sur celle du public».