Deux personnes ont été arrêtées et inculpées samedi en Caroline du Sud, pour avoir brièvement enlevé un drapeau confédéré devant le parlement local, dont le retrait avait été demandé par la gouverneure en raison de la «division» qu'il génère.

La gouverneure de Caroline du Sud Nikki Haley avait exigé lundi que ce drapeau, symbole de l'héritage du Sud pour ses partisans, du racisme et de l'esclavage pour ses détracteurs, et qui avait été brandi par le tueur présumé de neuf Noirs à Charleston, soit enlevé.

Mais il faut, pour l'ôter, un vote des élus locaux.

Samedi à l'aube, un policier a été informé qu'une femme, noire, grimpait sur le mât de 9 mètres situé sur l'esplanade du parlement à Columbia, la capitale de l'État, pour essayer d'en décrocher le drapeau confédéré, selon le département de la Sécurité publique de l'État (SCDPS).

Il a demandé à la jeune femme de descendre, mais elle n'a obtempéré qu'après avoir enlevé l'oriflamme.

Le policier l'a arrêtée, ainsi qu'un homme venu l'aider. Les deux suspects, âgés de 30 ans, ont été inculpés pour dégradation de monument, un chef d'accusation qui peut leur valoir jusqu'à trois ans de prison, selon le SCDPS.

Le drapeau a été remplacé par une oriflamme similaire une heure après.

«Nous enlevons le drapeau parce que nous ne pouvons pas attendre plus longtemps», ont expliqué les militants, dans un communiqué cité par les médias locaux. «Il est temps d'ouvrir un nouveau chapitre où nous démantèlerons sincèrement la suprématie blanche et construirons une véritable justice et égalité raciales».

La polémique autour du drapeau confédéré a été relancée après la tuerie qui a fait neuf morts dans une église emblématique de la communauté noire à Charleston le 17 juin, par un jeune partisan de la suprématie blanche, qui apparaît sur plusieurs photos brandissant ce drapeau.

De nombreuses entreprises américaines dont Walmart ont aussi annoncé qu'elles ne commercialiseraient plus de produits flanqués de cet emblème.

Vendredi à Charleston, le président américain Barack Obama a appelé l'Amérique à la lucidité, sur le racisme comme sur les armes à feu, dans un discours en hommage au pasteur noir tué dans le massacre.

«Pour beaucoup, Noirs comme Blancs, (ce) drapeau symbolisait une oppression généralisée», a lancé M. Obama. Retirer ce drapeau serait «reconnaître que la cause pour laquelle les soldats confédérés se sont battus, la cause de l'esclavage, n'était pas la bonne».

Le candidat républicain à la présidentielle de 2016, Jeb Bush, se rendra lui aussi à Charleston lundi pour rencontrer des responsables religieux, selon son équipe de campagne. Il devait participer à une réunion le soir de la fusillade, et le rendez-vous avait été annulé.

Quand il était gouverneur de Floride (sud-est), Jeb Bush avait ordonné en 2001 d'enlever le drapeau confédéré du parlement local pour le mettre dans un musée.