Et de 11! Six mois après avoir signalé son intérêt pour la présidence, Jeb Bush a ajouté hier son nom à la liste sans cesse croissante des candidats officiels à l'investiture républicaine pour l'élection présidentielle de 2016. Voici cinq choses à savoir sur l'entrée en piste d'un des grands favoris de la course.

Un candidat inclusif

Des chanteurs de musique latino et country. Des orateurs à la peau noire, brune et blanche. Et des discours mêlant l'espagnol à l'anglais. Avant même de monter sur scène, hier après-midi sur le campus du Miami-Dade College, Jeb Bush a voulu lancer un message clair: contrairement à plusieurs de ses rivaux républicains, il entend se poser en candidat rassembleur. Marié à une Mexicaine d'origine, il a d'ailleurs tenté de démontrer lui-même la nature inclusive de sa campagne en s'exprimant brièvement dans un excellent espagnol et en promettant «d'aller partout, de parler à tout le monde» au cours des prochains mois. «Je ne tiendrai rien ni personne pour acquis. Je ferai campagne avec coeur. Je ferai campagne pour gagner», a-t-il déclaré devant environ 3000 personnes.

Cachez ces anciens présidents

Ni le 41e président des États-Unis ni le 43e n'étaient présents à ce lancement officiel d'une campagne qui pourrait mener à l'élection d'un troisième Bush à la Maison-Blanche. La mère du candidat, Barbara Bush, était certes dans les gradins, ayant renié ses paroles de 2013 à propos de la candidature éventuelle de son fils («Nous avons eu assez de Bush»). Mais Jeb est conscient que les présidences de son père et de son frère ne sont pas un atout. D'où ce passage-clé de son discours d'hier: «Aucun de nous ne mérite le poste par son CV, son ancienneté, sa famille. Ce n'est le tour de personne. Tout le monde doit passer l'examen.» D'où aussi l'absence du patronyme familial du candidat dans son logo («Jeb! 2016»).

L'expérience d'un ancien gouverneur

«Comme l'ensemble de notre nation l'a appris depuis 2008, l'expérience de chef de l'exécutif est synonyme de préparation, et il n'y a rien qui puisse remplacer cela», a déclaré Jeb Bush en opposant son expérience de gouverneur à la feuille de route de Barack Obama au moment de son élection à la présidence. Aux commandes de la Floride de 1999 à 2007, le candidat de 62 ans promet d'utiliser cette expérience «pour bouleverser toute la culture de notre capitale». Une culture qui nuit, selon lui, à l'efficacité du gouvernement et à la prospérité de l'économie. «L'Amérique mérite mieux», a-t-il déclaré en vantant les solutions conservatrices qu'il a instaurées en Floride, notamment en matière d'éducation. «Je sais que nous pouvons arranger cela, parce que je l'ai fait», a-t-il dit.

Une critique de l'axe «Obama-Clinton-Kerry»

À en juger par son discours d'hier, la politique étrangère constituera un autre élément important de la campagne de Jeb Bush. «L'équipe Obama-Clinton-Kerry laisse un héritage de crises incontrôlées, de violences auxquelles on ne s'oppose pas, d'ennemis qu'on ne désigne pas, d'amis qu'on ne défend pas et d'alliances qui s'effritent», a-t-il déclaré en promettant de «reconstruire» les forces armées américaines et de resserrer les liens avec Israël et les autres alliés traditionnels des États-Unis. Il a également critiqué le rapprochement amorcé par l'administration Obama avec le régime castriste. «Nous avons besoin d'un président qui va à La Havane en solidarité avec le peuple libre de Cuba, et je suis prêt à être ce président», a-t-il dit en dénonçant une visite éventuelle du président Obama à Cuba.

Dans le peloton

Jeb Bush n'entame pas la portion officielle de sa campagne à la présidence dans une position idéale. Il avait prévu profiter des six mois qui ont suivi le début informel de sa course pour amasser 100 millions de dollars et prendre une bonne avance sur ses principaux rivaux dans les sondages. Il a peut-être atteint son objectif financier (on le saura en juillet), mais il se retrouve aujourd'hui à égalité avec le sénateur de Floride Marco Rubio et le gouverneur du Wisconsin Scott Walker. Ses positions relativement modérées en matière d'immigration et d'éducation semblent lui nuire auprès des conservateurs purs et durs. Et ses réflexes politiques laissent à désirer, comme l'ont démontré ses déclarations confuses sur la guerre en Irak le mois dernier.