Un Américain naturalisé de 17 ans a plaidé coupable jeudi de soutien à une organisation terroriste, pour avoir envoyé plus de 7000 tweets dans sa «campagne» de propagande du groupe État islamique (EI) et facilité le voyage d'un ami de 18 ans en Syrie.

«Coupable, Monsieur». Frêle et portant une fine moustache, Ali Shukri Amin, perdu dans une combinaison de prisonnier trop grande pour lui, a clairement accepté la responsabilité, devant un juge d'Alexandria en Virginie, d'une «prolifique présence en ligne» en soutien à l'organisation djihadiste, selon l'expression d'un responsable de la police fédérale américaine (FBI).

Cet élève du secondaire, «intelligent et qui s'exprime bien», avait, de juin 2014 à février 2015, réuni plus de 4000 abonnés sur son compte Twitter @AmreekiWitness qu'il avait pensé comme une «plateforme pro-EI», diffusant plus de 7000 tweets de propagande, d'appel aux fonds ou de conseils divers à ceux qui voudraient s'engager, a expliqué à la presse Andrew McCabe, directeur adjoint du bureau de Washington du FBI.

«Ali est plein de remords, il regrette sincèrement ce qu'il a fait et il coopère avec les forces de l'ordre depuis longtemps avant son arrestation», a déclaré son avocat Joseph Flood, aux journalistes. «C'était un bon élève, de bonne famille, avec un brillant avenir devant lui, mais il a pris de mauvaises décisions dont il prend la responsabilité en tant qu'adulte».

L'avocat a qualifié l'affaire de «sans précédent» pour un mineur par rapport aux adultes. Il était accompagné à la sortie du tribunal de la mère voilée du garçon, qui, le visage torturé, a gardé le silence.

«Ali fait partie de ces jeunes enfants frustrés par leur incapacité à changer les choses», a tenté d'expliquer l'avocat, «il était scandalisé par les activités criminelles» du régime de Bachar al-Assad en Syrie.

Sur l'internet, ce jeune de Manassas en Virginie recommandait d'utiliser la monnaie virtuelle bitcoin ainsi qu'un «portefeuille noir» qui permet à son utilisateur de rester anonyme, pour masquer toutes les donations ou financements aux djihadistes.

À travers Twitter, mais aussi sur son blogue «Al-Khilafah Aridat» et des articles publiés sur l'internet, il partageait ses connaissances technologiques et informatiques pour aider les partisans de l'EI à crypter les communications en ligne.

À partir de septembre 2014, ce musulman pratiquant et actif à la mosquée de sa ville, a commencé à «convertir» son ami de 18 ans, résidant dans le même comté de Virginie, qui a été inculpé par défaut mercredi par le même tribunal d'Alexandria de complot de soutien à l'EI.

Dans son plaidoyer de culpabilité, Amin a reconnu avoir aidé son coreligionnaire Reza Niknejad à se rendre en Syrie, via Istanbul, pour y rejoindre des partisans de l'EI qui devaient le conduire dans la ville frontière d'Urfa.

Niknejad est arrivé en Syrie, où il se trouve toujours, selon un message envoyé à Amin confirmé par les procureurs fédéraux. Il a fait parvenir un message à sa famille, via Amin, dans lequel il dit qu'il ne la reverra jamais.

Ali Shukri Amin connaîtra sa peine le 28 août. Il encourt quinze ans de prison et une liberté surveillée à vie.