Dans la course à la Maison-Blanche, la démocrate Hillary Clinton et le républicain Rand Paul dominent la bataille des objets publicitaires.

Les sites de campagne des candidats à la présidentielle de 2016 proposent déjà quantité de souvenirs, vêtements et objets qui capitalisent sur la double passion des Américains pour le magasinage et les démonstrations publiques d'appartenance politique.

La tradition est ancienne. En 1860, les partisans d'Abraham Lincoln arboraient le visage du républicain sur de petits badges à épingler au revers d'un veston.

Les badges valent 5 dollars la paire sur le site d'Hillary Clinton, où l'on trouve aussi des autocollants, casquettes, tasses et T-shirts, tous ornés du logo composé d'un H majuscule traversé d'une flèche de gauche à droite, censée symboliser le mouvement en avant.

Un T-shirt à 30 dollars est orné en trompe l'oeil de la veste d'un tailleur pantalon, devenue la marque de fabrique d'Hillary Clinton. Et pour les bébés, un body de «futur électeur» coûte 25 dollars.

Une rubrique du magasin en ligne est consacrée à des T-shirts et autocollants aux couleurs arc-en-ciel, en soutien aux droits des lesbiennes, gais, bi et trans.

Mais le choix sur le site d'Hillary Clinton paraît bien limité par rapport aux objets vendus sur randpaul.com, site du sénateur républicain tendance libertaire, très agressif contre la candidate démocrate.

Il vend par exemple un sarcastique «disque dur d'Hillary» à 99,95 dollars, clin d'oeil au serveur privé de messagerie utilisé par l'ex-secrétaire d'État lorsqu'elle dirigeait la diplomatie américaine, et dont elle a effacé de nombreux courriels qui selon elle étaient personnels.

Les produits sont très politiques; ils illustrent l'opposition de Rand Paul à certains programmes de surveillance de l'Agence de sécurité nationale (NSA), qu'il qualifie d'orwelliens. Un T-shirt clame ainsi: «La NSA sait que j'ai acheté ce T-shirt Rand Paul» (18 dollars), une création qui a remporté un concours organisé par la campagne.

Et un petit «bloqueur de caméra espion» à 15 dollars s'attache sur le haut d'un ordinateur portable pour obstruer la webcam, au cas où un pirate y accèderait - il s'agit du deuxième objet le plus vendu du site, après un simple T-shirt bleu marqué du logo Rand.

Pas pour les étrangers  

«Le magasin a eu un très bon lancement depuis huit semaines», dit Steve Grubbs, chef de la stratégie de Rand Paul dans l'Iowa, qui s'occupe aussi du magasin en ligne. Il ne donnera pas de chiffre.

«Le sénateur Paul veut vraiment innover», assure Steve Grubbs. «Il ne nous impose pas beaucoup de restrictions».

Un laissez-faire qui explique peut-être le tapis de voiture à l'effigie du républicain, et une sorte d'éventail à la forme de la tête de Rand Paul, apparemment très pratique pour les églises «qui n'ont pas de climatisation».

Le fabricant de lunettes Ray-Ban a fait retirer du site des lunettes Wayfarer marquées «Rand» en avril.

Le merchandising électoral n'est pas le monopole des campagnes officielles. Le marché attire d'innombrables fabricants plus ou moins artisanaux. Même à l'aéroport national Ronald Reagan de Washington, on trouve des tasses «Hillary 2016» et une sorte de poupée à l'effigie de la démocrate.

«Absolument, nous allons nous lancer», a promis la bijoutière Ann Hand, à Washington. Anciens présidents, parlementaires et premières dames comptent parmi les clients de ses boutons de manchette et broches. Pour 2016, elle fabriquera des macarons à l'effigie de chaque grand candidat, et elle est sûre de les vendre. «Beaucoup de gens sont passionnés par la politique», dit-elle.

L'argent déboursé par ces passionnés sur les sites officiels des candidats s'assimile à des dons électoraux. À ce titre, seuls les citoyens américains ont le droit d'acheter les objets. Les étrangers devront assouvir leur passion pour la politique américaine avec des produits non officiels.