Un jeune Américain, emprisonné sans procès et maltraité pendant trois ans dans l'une des prisons les plus dures des États-Unis, dont il était devenu une figure emblématique, s'est donné la mort deux ans après sa sortie.

Comme il avait tenté de le faire à plusieurs reprises en prison, Kalief Browder s'est pendu chez lui et a été retrouvé samedi par sa mère, selon la famille. Il avait 22 ans.

Depuis sa sortie de Rikers Island sans qu'aucune charge ne soit retenue contre lui, le jeune homme était devenu le visage et la voix des abus commis dans ce gigantesque centre pénitentiaire, qui se trouve à quelques encablures seulement de Manhattan.

Son témoignage sur les maltraitances qu'il a subies --outre les coups des autres prisonniers et des gardiens, il avait aussi passé deux ans à l'isolement-- a permis de lancer des réformes pour tenter d'arrêter la violence endémique dans la prison et d'interdire que les adolescents ne soient mis au «mitard».

Son cas avait eu un fort impact sur l'opinion publique et plusieurs célébrités s'étaient prises d'amitié pour le jeune homme comme le rapeur Jay-Z. Rand Paul, qui brigue l'investiture républicaine pour la présidentielle, s'était aussi saisi du cas du jeune homme, tout comme le ministère fédéral de la Justice.

La famille a pour sa part rendu le traitement subi en prison responsable du suicide du jeune homme. «Il n'a pas pu surmonter la peine et les tourments provoqués par son expérience dans une cellule d'isolement», indique-t-elle dans un communiqué.

«Nous demandons que le maire (Bill de Blasio) et tous les responsables de la ville de New York s'assurent que personne à New York ne soit obligé d'endurer ce que Kalief a subi», poursuit-elle.

Le maire a qualifié de tragédie la mort du jeune homme.

«Bon nombre des réformes que nous menons à Rikers Island en ce moment même sont le fruit de l'exemple de Kalief Browder. J'aurais tellement souhaité ne pas le perdre mais (...) il n'est pas mort en vain», a déclaré le maire.

Selon le magazine le New Yorker, qui avait fait de l'affaire Browder une «cause célèbre», le jeune homme souffrait de paranoïa et de dépression.

Le centre pénitentiaire de Rikers Island, qui compte environ 14 000 détenus pour la plupart en préventive, souffre «d'une culture profondément enracinée et endémique de la violence», en particulier des brutalités commises par les gardiens contre les adolescents, avait dénoncé un rapport officiel l'année dernière.

> Lisez l'article du New Yorker