Les deux détenus qui se sont évadés en fin de semaine d'une prison à sécurité maximale de l'État de New York pourraient maintenant se trouver au Canada ou dans un autre État américain, a prévenu le gouverneur Andrew Cuomo.

Les autorités se penchant sur de probables complicités à l'intérieur de l'établissement.

«Je pense qu'ils ont été aidés», a déclaré M. Cuomo. «Je ne pense pas qu'ils ont pu obtenir l'équipement dont ils avaient besoin sans aide».

«Vous avez trois types d'employés dans une prison: il y a les gardes, les employés civils, et les sous-traitants du secteur privé qui viennent travailler ponctuellement. Nous regardons les employés civils et ceux du secteur privé dans un premier temps», a-t-il indiqué.

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Les médias locaux avançaient qu'une employée de la prison, peut-être séduite par Matt, était interrogée par la police.

Le New York Times rappelait également que Richard Matt était déjà parvenu à s'évader d'une autre prison de l'État de New York, en 1986. Il avait été rattrapé au bout de quatre jours.

Une récompense de 100 000 $ US est offerte pour toute information menant à la capture des deux meurtriers qui se sont enfuis d'une prison à sécurité maximale de l'État de New York, à 32 kilomètres de la frontière canadienne, près du Québec.

«L'un des deux (Matt) connaît le Mexique, ils ont peut-être pris la route du Sud», a encore dit M. Cuomo. Même distants de plusieurs milliers de kilomètres, les autorités des États du sud-ouest ont été alertées, de même que la police mexicaine.

La police de l'État de New York, chargée des recherches, a souligné que plus de 150 pistes avaient commencé à être explorées. Au total, plus de 250 personnes (policiers, personnel pénitentiaire, brigades canines et autres rangers) sont mobilisées, appuyées par des moyens aériens pour quadriller la zone.

Selon les autorités, les deux meurtriers ont eu recours à de puissants outils électriques pour percer des ouvertures dans des murs et de gros tuyaux d'acier afin de s'enfuir du Centre correctionnel Clinton à Dannemora, samedi.

Les autorités enquêtent pour déterminer comment les détenus ont obtenu les outils pour réaliser cette évasion digne du film The Shawshank Redemption. Le gouverneur de l'État de New York, Andrew Cuomo, a déclaré dimanche qu'il s'agissait d'un «plan sophistiqué».

Les enquêteurs tentent de savoir si les deux évadés ont pu compter sur la complicité d'employés civils ou d'entrepreneurs privés pour mettre leur plan à exécution. Le pénitencier vieux de 150 ans faisait l'objet de rénovations importantes au moment de l'évasion.

Les responsables ont expliqué que les deux hommes ont découpé le mur d'acier à l'arrière de leurs cellules, rampé le long d'une passerelle, défoncé un mur de briques et coupé le cadenas et la chaîne d'une plaque d'égout à l'extérieur de la prison. Ils ont aussi dû découper une ouverture pour entrer dans un tuyau de vapeur, puis une autre pour en sortir.

L'évasion des deux meurtriers a été signalée samedi. Leurs deux cellules contiguës étaient vides au moment de la ronde d'inspection matinale; ils avaient rempli leurs lits de vêtements pour faire croire qu'ils dormaient. Les fugitifs ont laissé derrière eux une note pour les agents correctionnels qui disait: «Bonne journée!».

Selon le gouverneur Cuomo, personne n'a jamais réussi à s'évader de la section à sécurité maximale de la prison de Clinton, qui est ouverte depuis 1865.

Richard Matt mesure 1,83 mètre et pèse 95 kilos. Il a les cheveux noirs, les yeux noisette et arbore plusieurs tatouages, dont l'inscription «Mexico Forever» dans le dos, ainsi qu'une insigne du Corps des Marines sur son épaule droite.

David Sweat mesure 1,80 mètre et pèse 75 kilos. Il a les cheveux bruns, les yeux verts et est tatoué au biceps gauche et sur les doigts de la main droite.

David Sweat, 34 ans, purgeait une peine de prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle pour avoir tué un shérif adjoint en 2002. Richard Matt, 48 ans, a été condamné à au moins 25 ans de prison pour avoir enlevé, tué et démembré son ancien patron en 1997.

Les forces de l'ordre de l'État de New York ont érigé des barrages routiers et déployé des chiens policiers et des hélicoptères pour retrouver les fugitifs. Des centaines d'agents se sont dispersés dans la région autour de la prison en suivant des dizaines de pistes potentielles.

Mais les autorités admettent qu'elles ne savent pas vraiment où les fugitifs pourraient se trouver. Ils pourraient avoir traversé la frontière avec le Canada ou s'être rendus dans un autre État américain, a indiqué M. Cuomo.

«Il s'agit d'une situation de crise pour l'État, a déclaré le gouverneur. Ce sont des hommes dangereux capables de commettre des crimes graves de nouveau.»

Photos Reuters

Les prisonniers Richard Matt et David Sweat.

Photo Office of New York Governor Andrew Cuomo

Les détenus ont réussi à percer des trous à travers de gros tuyaux pour se frayer un chemin à travers un dédale de tunnels. Des enquêteurs inspectent l'un d'entre eux.

Surnommé «La petite Sibérie» par les résidants, le pénitencier accueille environ 3000 détenus qui sont surveillés par 1400 gardes. La prison est entourée de terres agricoles et de forêts, et elle se trouve à environ 45 minutes en voiture de Montréal.

La Gendarmerie royale du Canada (GRC) a avisé ses agents en poste dans les détachements près de la frontière de garder l'oeil ouvert. La caporale Camille Habel a précisé que bien que les agents postés à Valleyfield et dans les détachements frontaliers aient été alertés, aucune «chasse à l'homme» n'est en cours puisque la GRC n'a reçu aucune information indiquant qu'ils auraient franchi la frontière.

L'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) a également lancé un avis de signalement demandant aux agents des postes frontaliers d'être attentifs au cas où les deux fugitifs tenteraient d'entrer au Canada.

La Police provinciale de l'Ontario a transmis une alerte interne à ses agents, mais la Sûreté du Québec (SQ) n'a reçu aucune instruction spéciale concernant l'évasion des deux meurtriers.

Un porte-parole de la SQ, le sergent Ronald McInnis, a indiqué que la police provinciale pourrait agir si elle reçoit une demande d'assistance de la GRC ou de l'ASFC.

-Avec l'Associated Press et l'Agence France-Presse