Avec huit candidats déclarés et huit autres sur le point de se lancer, le parti républicain a véritablement renoncé à tout consensus pour la présidentielle de 2016, un scrutin qui pourrait bien définir l'avenir du parti, et de l'Amérique elle-même après l'ère Obama.

Hillary Clinton ne semble pas avoir d'adversaire à sa taille chez les démocrates, mais les choses sont très différentes dans le camp républicain où un vaste champ d'idées s'affronte, des conservateurs acharnés jusqu'aux plus modérés, sans que l'on sache quelle philosophie va l'emporter dans 18 mois.

À aucun moment au cours des 50 dernières années autant de candidats si différents n'ont cherché à obtenir la nomination de leur parti pour la présidentielle.

Traditionnellement, les principales têtes d'affiche s'engagent dans de «pré-primaires imaginaires», au cours desquelles un candidat de consensus se dégage avant même le début des véritables primaires.

Ainsi, chez les démocrates, Hillary Clinton, ancienne Première dame, sénatrice et secrétaire d'État, semble clairement au-dessus de la mêlée. Mais «il n'y a pas de candidat de consensus» pour les républicains, souligne Merle Black, professeur de sciences politiques à l'Université Emory.

Pour le «Grand Old Party» (GOP) comme il est surnommé, on trouve un panel hétéroclite avec des gouverneurs, comme Scott Walker, de jeunes sénateurs comme Marco Rubio ou Ted Cruz, une femme d'affaires ancienne PDG de Hewlett-Packard, Carly Fiorina, un neurochirurgien novice en politique, Ben Carson, un ancien gouverneur et pasteur, Mike Huckabee, et pour faire bonne mesure, un membre de la dynastie Bush, Jeb.

Sans compter le milliardaire controversé Donald Trump, perpétuellement tenté de se lancer dans la course...

«Ils sont en train de mener une revue d'effectif scrupuleuse, pas seulement des candidats éventuels, mais ils réfléchissent également à la direction que va prendre le parti», estime Dante Scala, professeur de sciences politiques à l'Université du New Hampshire. «C'est une bonne chose pour un parti de se renouveler».

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Marco Rubio

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Ted Cruz

Porter un message crédible

Les républicains n'ont plus remporté la présidentielle depuis George W. Bush en 2004 et beaucoup de prétendants aimeraient se présenter comme la nouvelle voix du parti: «Étant donnée l'incertitude qui règne chez eux, ils peuvent se dire: "J'ai autant ma chance que n'importe qui d'autre"»,  ajoute Linda Fowler, professeur d'institutions gouvernementales à l'université Dartmouth College.

Un sondage de l'Université Quinnipiac publié jeudi montre que pas moins de cinq candidats mènent la danse, Walker, Rubio, Huckabee, Carson et Bush, avec chacun 10 % des intentions de vote.

«Quand vous voyez que Jeb Bush n'a pas beaucoup progressé, que Rubio a démarré fort avant de ralentir... Beaucoup de candidats se disent probablement: "Personne n'a encore émergé"», explique Tim Malloy, directeur assistant de l'institut de sondage de Quinnipiac. Les républicains vont vraiment «à la pêche au candidat», ajoute-t-il.

«Il y a beaucoup de questions sur la direction que va prendre le parti républicain et sur sa viabilité à l'avenir, il y a beaucoup d'idées différentes», reprend Merle Black. «C'est à ça que servent les primaires, à voir qui peut porter un message crédible».

Voir qui sera capable de lever assez d'argent pour mener une campagne nationale efficace est un autre élément crucial: «Si un candidat peut trouver un ange ou deux, ils peuvent se lancer et paraître crédibles au moins à court terme», dit encore Linda Fowler.

Les principaux donateurs et les militants «semblent souvent privilégier les idées plutôt que l'expérience», rappelle-t-elle, ce qui explique certainement le nombre de candidats sans grande expérience.

Le champ des candidats républicains potentiels devrait commencer à se réduire à partir du mois d'août avec les premiers débats télévisés: les organisateurs ne devraient retenir que les 10 candidats en tête des sondages pour y participer, ce qui s'avérera probablement un coup fatal pour les exclus.

Certains vont donc «échouer de manière embarrassante» avant même le début des primaires vers la fin de cette année dans l'Iowa, le New Hampshire et la Caroline du Sud, anticipe Merle Black. Mais il reste à l'heure actuelle difficile d'éliminer l'un ou l'autre des prétendants.

«La moitié seront "out" d'ici le mois de septembre», prédit-elle. «Mais pour le moment, on ne sait pas lesquels resteront en course».

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Carly Fiorina

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Mike Huckabee