Veste de cuir et la main sur la poignée de l'accélérateur prêts à faire rugir le moteur, des centaines de milliers de motards se sont rassemblés dimanche dans Washington pour rendre leur hommage annuel aux anciens combattants, à l'occasion du long week-end de Memorial Day (Jour du souvenir).

Venus des quatre coins du pays, ces motards ont honoré les soldats tombés au combat dans un rassemblement qui a commencé le matin près du Pentagone et s'est terminé sur le Mall, la grande esplanade dans le centre de la capitale américaine.

Cet événement annuel, auquel 750 000 motards ont participé à Washington, est appelé Rolling Thunder (tonnerre roulant), du nom d'une campagne de bombardements en 1965 contre le Nord-Vietnam.

«C'est juste un honneur de venir ici avec tous ces anciens combattants et de rendre hommage à ceux qui donné leur vie, qui ont contribué à faire de ce pays ce qu'il est aujourd'hui», explique à l'AFP Chuck White, assis près de sa noire et rutilante Harley-Davidson.

«C'est pas seulement des types qui se rassemblent avec leurs motos, c'est plus que ça, cela a beaucoup de sens», ajoute-t-il.

Ancien combattant de l'armée de l'air en Corée et en Allemagne, White fait la route en moto chaque année depuis Baltimore, à 61 kilomètres de là, pour rejoindre ses camarades de l'armée et se recueillir sur la tombe de son père, lui aussi un ancien combattant.

«Ca vous met la larme à l'oeil surtout quand vous parlez aux autres ici», ajoute-t-il à propos de ceux qui ont perdu des amis ou de la famille sur le champ de bataille.

Soulager le traumatisme  

Le rassemblement est aussi l'occasion de demander au gouvernement davantage d'aide pour les 20 millions d'anciens combattants américains.

«Il y a beaucoup de vétérans avec des handicaps que vous ne pouvez pas voir --comme les troubles du stress post-traumatique-- et nous n'en faisons pas assez pour eux», estime White.

Pour certains, le rassemblement a des effets cathartiques, une occasion de soulager le traumatisme de la guerre.

«Ce rassemblement de tous les anciens combattants, c'est comme des retrouvailles entre frères et soeurs», affirme Gil Perky, un vétéran du Vietnam prêt à faire démarrer sa moto.

Pour lui, un ancien de la guerre du Vietnam, cette manifestation est une énorme source de fierté qui compense toute l'hostilité dont il a été l'objet à son retour en 1972, quand le sentiment contre le conflit aux États-Unis était très fort.

«On nous injuriait, on nous crachait dessus, on nous appelait les bébés-tueurs, et tout à l'avenant», se souvient Perky, venu de la Virginie voisine.

Les soldats manquant à l'appel sont la principale motivation de Van Dyke Bergen pour participer au Rolling Thunder depuis douze ans: «Nous sommes ici pour protester, pour faire savoir au gouvernement que nous continuons à attendre qu'on les ramène aux États-Unis car ils doivent revenir dans la patrie et y reposer en paix».