Les sciences sociales et de la Terre sont les grandes perdantes d'un budget scientifique approuvé mercredi par la Chambre des représentants américaine, dominée par des républicains déterminés à définir eux-mêmes les priorités de la recherche fédérale.

De nombreux membres de la communauté scientifique américaine critiquent la proposition de loi adoptée à la Chambre, par 217 voix contre 205, fixant les crédits de la National Science Foundation pour l'année budgétaire 2016, qui débute le 1er octobre prochain.

Le texte, qui doit encore être harmonisé dans les prochains mois avec le Sénat, prévoit une hausse totale des crédits à 7,6 milliards de dollars, contre 7,3 en 2015.

Mais les scientifiques se disent perplexes sur le fait que les républicains y attribuent des montants spécifiques à chacun des sept directorats de recherche de la fondation, contrairement aux années précédentes, quand la fondation déterminait elle-même l'allocation des aides et bourses fédérales aux chercheurs, en fonction des projets présentés.

Les sciences sociales, comportementales et économiques perdraient d'office 55% des financements par rapport à 2015, selon les démocrates, et les sciences de la Terre, qui incluent la recherche sur le climat, 8%, tombant à 1,2 milliard de dollars. Les budgets de recherche pour les énergies vertes seraient frappés.

À l'inverse, les sciences de l'information, la recherche en biologie, en physique et ingénierie ou sur la fusion nucléaire sont prioritaires pour les républicains.

«Malheureusement, la fondation a financé un certain nombre de projets qui ne remplissent pas les plus hauts critères de mérite scientifique», a justifié le républicain Lamar Smith. Beaucoup d'élus conservateurs nient la responsabilité de l'homme dans le réchauffement climatique.

Son texte inscrit aussi dans la loi l'obligation pour tout projet financé par la fondation d'être «dans l'intérêt national».

Mais une coalition de chercheurs, d'universités, de centres de recherche et autres organisations ont protesté contre la loi, soutenus par les démocrates qui dénoncent une «politisation» de la recherche.

«Fixer des niveaux budgétaires par directorat réduira la flexibilité dont la fondation a besoin pour exploiter des découvertes et des connaissances qui n'avaient pas été anticipées et qui apparaissent de plus en plus rapidement à notre époque», se sont alarmées les plus de 140 universités, entreprises et organisations membres de la Coalition for National Science Funding dans une lettre aux élus.

La Maison-Blanche a menacé le texte d'un veto présidentiel.