La solidarité familiale a des limites, même pour Jeb Bush, qui rêve de suivre son père et son frère dans le bureau Ovale de la Maison-Blanche.

Vers la fin d'une semaine où il aura été hanté par la guerre en Irak, l'ancien gouverneur de Floride a fini par désavouer cette intervention coûteuse en vies humaines et onéreuse qui a défini la présidence de George W. Bush.

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«Sachant ce que nous savons maintenant, je ne serais pas allé en Irak», a affirmé Jeb Bush hier lors d'une rencontre avec des électeurs d'Arizona.

Cette déclaration peut sembler tomber sous le sens après la confirmation de l'absence d'armes de destruction massive en Irak. Mais elle représente l'exact contraire de ce que le républicain a déclaré lors d'une interview diffusée lundi soir sur Fox News. Elle constitue aussi la cinquième position différente exprimée par celui-ci sur ce sujet depuis le début de la semaine.

La polémique, alimentée par les médias et les autres candidats républicains à la Maison-Blanche, a illustré le dilemme auquel fait face Jeb Bush en tant qu'aspirant à la présidence. Comment peut-il se distancer des aspects les plus toxiques de l'héritage de son frère sans donner l'impression de le trahir?

C'est un dilemme dont Jeb Bush est sans doute conscient. Or, sur la question la plus controversée de la présidence de son frère, il n'a pas semblé préparé. Lors de l'interview diffusée sur Fox News, l'animatrice Megyn Kelly lui a demandé s'il aurait autorisé l'invasion de l'Irak «sachant ce que nous savons aujourd'hui». Le politicien de 62 ans a répondu par l'affirmative, ajoutant qu'«Hillary Clinton aurait fait la même chose, soit dit en passant».

Le lendemain, lors d'une entrevue radiophonique, Jeb Bush a tenté de noyer la controverse naissante en affirmant avoir mal compris la question de Kelly. Le surlendemain, lors d'une assemblée publique en Arizona, il a refusé de répondre à des questions «hypothétiques» sur l'Irak, faisant valoir qu'un tel exercice «cause du tort» à la mémoire des quelque 4500 soldats américains qui ont sacrifié leur vie dans cette guerre.

Christie et Rubio s'en mêlent

Plusieurs adversaires républicains de Jeb Bush ont sauté sur l'occasion pour critiquer le favori dans la course à l'investiture de leur parti.

«Si nous avions su à l'époque ce que nous savons aujourd'hui, je ne serais pas entré en guerre», a déclaré le gouverneur du New Jersey, Chris Christie, mercredi.

«Non seulement j'aurais été contre [une intervention en Irak], mais le président Bush l'aurait également été», a déclaré de son côté le sénateur républicain de Floride, Marco Rubio.

La journée de mercredi a également été marquée par un affrontement entre Jeb Bush et une étudiante du Nevada auquel les médias ont fait un grand écho. «Votre frère a créé l'EI [le groupe État islamique]», a notamment déclaré l'étudiante au candidat après son assemblée publique à Reno.

Hier matin, Jeb Bush a dû juger qu'il était temps de changer de sujet. D'où sa nouvelle déclaration sur la guerre en Irak. Son frère a quand même dû se consoler en l'entendant se féliciter du même coup de la chute de Saddam Hussein et de la bravoure des soldats américains.