Un ancien employé de la Commission américaine de régulation nucléaire (NRC) a été inculpé vendredi pour avoir tenté d'infiltrer des dizaines de boîtes électroniques du ministère américain de l'Énergie et voulu vendre des secrets nucléaires à des pays étrangers.

Charles Harvey Eccleston, 62 ans, a tenté de vendre ces secrets à l'Iran, à la Chine, au Venezuela et à un autre pays non identifié.

Il avait envoyé en janvier dernier un courriel qu'il croyait infecté par un virus à plus de 80 comptes électroniques. Le courriel, présenté comme une «conférence de formation nucléaire», était destiné à provoquer des dégâts dans le réseau informatique du Département de l'Énergie (DOE) et à retirer des informations gouvernementales sensibles en matière d'armement nucléaire, selon un communiqué du ministère de la Justice.

Cet Américain, qui avait été licencié du DOE et de la NRC en 2010 en raison de «problèmes de conduite et de performance», avait attiré l'attention du FBI quand il avait proposé des informations classifiées du gouvernement américain à une ambassade étrangère à Manille, le 15 avril 2013. La justice américaine a refusé d'identifier le pays en question, le présentant simplement sous l'appellation de «pays A».

Selon le procès verbal du FBI, dont l'AFP a obtenu une copie, le dossier étant sous scellé, M. Eccleston avait proposé au «pays A» contre 18 800 dollars une liste de 5082 adresses électroniques de responsables, ingénieurs et employés de la commission nucléaire, qu'il pouvait obtenir en raison de son habilitation aux documents «Top secret».

«Quand on lui a demandé ce qu'il ferait si le "pays A" n'était pas intéressé par les informations gouvernementales proposées par Eccleston, celui-ci a répondu qu'il irait en Chine, en Iran et au Venezuela, car il pensait que ces pays seraient intéressés par l'information», peut-on lire dans le document de 50 pages.

Des agents du FBI sous couverture, se présentant comme des représentants du «pays A», lui avaient fourni le courriel destiné à pirater le réseau, mais s'étaient assuré qu'aucun virus informatique ou code malicieux ne soit effectivement transmis aux ordinateurs du gouvernement.

Marié à une Philippine et vivant dans ce pays depuis 2011, Charles Eccleston a été arrêté par la police de Manille fin mars et extradé aux États-Unis. Il avait remis aux agents sous couverture des milliers d'adresses électroniques d'employés du NRC contre une facture totale de 81 887 dollars. Mais en fait ces adresses étaient accessibles au public.

D'après le même document, M. Eccleston avait déclaré à un des agents du FBI qu'il avait tenté de vendre des informations gouvernementales au Venezuela et à la Chine, mais n'avait pas eu «l'autorisation d'accès aux responsables de ces pays».

Eccleston avait en outre déclaré à ce même agent avoir fait une «tentative supplémentaire auprès des Français» le 16 novembre 2013, et avoir réussi à rencontrer un responsable de l'ambassade française à Manille, selon le même procès-verbal.

«M. Eccleston a cherché à compromettre, exploiter et endommager des systèmes informatiques du gouvernement qui contenaient des informations d'armement nucléaire sensibles avec l'intention de fournir à des pays étrangers l'accès à ces informations», a déclaré John Carlin, le ministre adjoint de la Justice responsable de la Sécurité nationale.

Eccleston encourt un maximum de 50 ans de prison pour quatre charges.