Des centaines de policiers et de militaires lourdement armés sillonnaient mardi matin les rues de Baltimore, promettant de ramener l'ordre dans la ville qui a été le théâtre d'émeutes la veille après les funérailles d'un jeune Afro-Américain, décédé alors qu'il était détenu par la police.

«Nous n'allons pas tolérer cette violence», a déclaré sur place au petit matin le gouverneur de l'État du Maryland, Larry Hogan, à un point de contrôle installé par la police, entouré d'hommes lourdement armés et en tenue anti-émeute.

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«Nous travaillons pour être sûrs que ce qui s'est passé la nuit dernière à Baltimore ne va pas se reproduire. Nous allons mettre en place tout ce qui est nécessaire pour être sûrs que les citoyens de Baltimore soient en sécurité, et pour ramener la paix dans les rues de la ville», a-t-il ajouté, se disant «déçu» et «attristé» par la tournure des événements.

Plusieurs milliers d'hommes devaient arriver en renfort dans la journée: «D'ici ce soir, vous allez voir un nombre très important de gens dans les rues pour protéger les citoyens», a-t-il repris, en réponse à ceux qui ont critiqué la réaction trop lente des autorités la veille.

De violentes émeutes ont éclaté dans la ville lundi après l'inhumation d'un jeune homme noir, Freddie Gray, 25 ans, mort quelques jours plus tôt dans des circonstances floues alors qu'il avait été arrêté par la police. Une enquête a été ouverte, mais de nombreux habitants de la ville estiment qu'il ne s'agit que du dernier exemple en date des brutalités policières auxquelles ils sont régulièrement confrontés.

La cérémonie d'obsèques en elle-même s'est déroulée dans le calme et la sérénité, la famille de la victime appelant à la retenue, mais les incidents ont commencé peu après. De nombreux adolescents qui semblaient tout juste sortir de l'école ont commencé à s'en prendre aux forces de police stationnées dans la ville en lançant briques, cailloux, bâtons, bouteilles...

Le début de journée, lundi, s'était déroulé dans le calme «mais ensuite des gangs et des voyous ont pris le contrôle, leur seule volonté était d'apporter la violence et de détruire la ville», a encore noté le gouverneur.

Les forces de l'ordre ont rapidement été prises de court et plusieurs supermarchés ont été pillés et incendiés, tout comme des voitures et des véhicules de police. Plusieurs reporters ont également été attaqués et se sont fait voler du matériel.

Très pauvres

Au moins 15 policiers ont été blessés, dont deux sérieusement, et environ 200 personnes ont été arrêtées.

Le gouverneur Hogan a décrété l'état d'urgence dans cette ville de 620 000 habitants située à une soixantaine de kilomètres de la capitale fédérale. Les écoles étaient fermées mardi, même si certains craignaient que cela ne permette à des jeunes de descendre dans les rues.

Les autorités ont appelé les parents à surveiller leurs enfants et des images à la télévision montraient la scène étonnante d'une mère de famille donnant une claque à son fils en le houspillant parce qu'il avait pris part aux émeutes.

Baltimore, l'une des villes les plus violentes des Etats-Unis au début des années 1990, avait connu un certain retour au calme depuis plusieurs années et de nombreux quartiers ont été réhabilités. Certaines zones de la ville restent cependant très pauvres et le site internet américain Vox.com rappelait que dans le quartier d'origine de Freddie Gray, plus de la moitié de la population était sans emploi entre 2008 et 2012.

Mardi matin, employés de la ville et bénévoles commençaient à nettoyer les rues: «On essaie de faire en sorte que les choses reviennent à la normale», expliquait ainsi une habitante, Maria Ray, gants de nettoyage et balai en main, qui a pris une journée de congé pour participer au nettoyage.

«Je veux sincèrement remercier ceux qui sont dehors en train de nettoyer les rues et de partager leur amour pour notre ville. Merci Baltimore!», a réagi sur Twitter la maire de la ville Stephanie Rawlings-Blake, elle-même issue de la communauté afro-américaine.

Le décès de Freddie Gray est le dernier d'une série de bavures policières qui ont ravivé les tensions entre la communauté noire américaine et les forces de l'ordre.

Plusieurs enquêtes ont été lancées pour élucider les circonstances de ses blessures. La police de Baltimore a convenu que le jeune homme aurait dû recevoir une assistance médicale après son arrestation et six policiers ont été suspendus avec salaire.