Trente-quatre manifestants ont été arrêtés à Baltimore, secouée par des violences dans la nuit de samedi à dimanche, alors que la ville américaine se préparait à enterrer lundi Freddie Gray, un jeune Noir mort après son arrestation, relançant la polémique sur les violences policières.

«Environ 34 personnes ont été interpellées et six policiers ont été légèrement blessés», au cours de «violents incidents dans le centre-ville et l'ouest de Baltimore la nuit dernière et tôt ce (dimanche) matin, après des manifestations plutôt pacifiques dans la journée», a déclaré le porte-parole de la police de Baltimore, Jeremy Silbert.

Dimanche après-midi, la famille du jeune homme de 25 ans, décédé des suites d'une fracture des vertèbres cervicales une semaine après son interpellation le 12 avril, devait «recevoir les visiteurs» au cours d'une veillée funèbre, selon le quotidien Baltimore Sun.

Ses obsèques auront lieu lundi à partir de 11H00 (15H00 GMT) en l'église baptiste New Shiloh. Il sera enterré «immédiatement après la messe», d'après le Sun, au cimetière de Woodlawn, dans l'ouest de Baltimore, une ville de la côte est aux  nombreux quartiers sensibles.

Samedi, plus de 1000 personnes s'étaient rassemblées dans le calme devant la mairie, pour réclamer que justice soit rendue pour Freddie Gray. «Sans justice, pas de paix», ont notamment scandé les manifestants.

Mais l'atmosphère s'est brusquement détériorée lorsque plusieurs dizaines d'entre eux ont pris la direction du stade de baseball Camden Yards, une heure avant le début d'un match opposant les Baltimore Orioles aux Boston Red Sox.

Des images tournées par des chaînes de télévision depuis des hélicoptères ont montré une foule en train de jeter des cônes de sécurité, des bouteilles de soda et des poubelles sur des policiers, avant de briser des vitrines de magasins et de les piller.

Des manifestants ont été vus en train de piller une supérette, briser des vitrines et bloquer des intersections.

Un photographe de l'AFP a vu des manifestants briser les vitres de voitures de police, avant l'intervention de la police antiémeute.

«Il faut que ça s'arrête»

Fredericka Gray, soeur jumelle de Freddie Gray, a lancé un appel au calme. «Ma famille veut vous dire: s'il vous plaît, s'il vous plaît, arrêtez la violence. Freddie ne voudrait pas ça».

À ses côtés, la maire de Baltimore, Stephanie Rawlings-Blake, s'est dite «profondément déçue» par les violences, dont elle a accusé «un petit groupe d'agitateurs».

Lors du rassemblement, des orateurs ont appelé le président Barack Obama à lancer une enquête nationale sur les brutalités policières, après une série d'affrontements mortels entre des policiers blancs et des hommes ou de jeunes garçons noirs.

«Il faut que ça s'arrête. Il faut vraiment que ça s'arrête parce que ça aurait pu être n'importe lequel d'entre nous», a lancé à la foule un proche de la famille de Freddie Gray.

Plusieurs enquêtes ont été lancées pour élucider les circonstances des blessures de Freddie Gray, dont une investigation fédérale menée par le ministère de la Justice.

La police de Baltimore a convenu vendredi que le jeune homme aurait dû recevoir une assistance médicale aussitôt après son arrestation.

Lors de son décès, 80% de sa colonne vertébrale était sectionnée à la hauteur des cervicales, selon les avocats de la famille.

Une vidéo de l'arrestation a montré des policiers plaquant au sol Freddie Gray hurlant de douleur, avant de l'embarquer dans un fourgon.

Les responsables de la police ont aussi reconnu que la ceinture du sécurité du jeune homme n'était pas bouclée dans le fourgon qui a fait trois arrêts inexpliqués sur le chemin du poste de police.

Six policiers ont été suspendus en attendant que la police remette le 1er mai les résultats de son enquête au procureur du Maryland, qui peut décider d'engager des poursuites.

Ce décès est le dernier d'une série de bavures qui ont ravivé les tensions raciales ces derniers mois aux États-Unis et la polémique sur la brutalité policière, après la mort de plusieurs hommes noirs non armés.