Les États-Unis ont appelé mardi à une «pleine et franche» reconnaissance des faits concernant le massacre d'Arméniens pendant la Première Guerre mondiale, mais sans utiliser le mot «génocide», repris dimanche par le pape.

La Turquie nie catégoriquement que l'Empire ottoman ait organisé le massacre systématique de sa population arménienne pendant la Première Guerre mondiale et récuse le terme de «génocide» repris par l'Arménie, de nombreux historiens et une vingtaine de pays dont la France, l'Italie et la Russie.

Le président islamo-conservateur turc Recep Tayyip Erdogan a fermement dénoncé mardi les propos du pape François, évoquant des «délires». Ankara avait violemment réagi après les déclarations du pape, rappelant son ambassadeur au Vatican.

«Le président (américain) et d'autres hauts responsables de l'administration ont souvent reconnu comme un fait historique, et l'ont déploré, que 1,5 million d'Arméniens aient été massacrés ou conduits à la mort à la fin de l'Empire ottoman», a affirmé mardi Marie Harf, une porte-parole du département d'État, lors du point de presse quotidien.

«Une pleine, franche et juste reconnaissance de ces faits est dans notre intérêt, y compris celui de la Turquie, de l'Arménie, et de l'Amérique», a-t-elle ajouté.

«Les pays sont plus forts et progressent quand ils reconnaissent et tiennent compte des éléments douloureux de leur passé», a estimé la représentante de la diplomatie américaine.

De tels changements sont «essentiels pour construire un avenir différent, plus tolérant», a noté Mme Harf, qui a cependant refusé d'utiliser le terme de «génocide».

Barack Obama, alors sénateur, avait pourtant utilisé ce mot lors de sa campagne présidentielle en 2008, quand il avait promis de «reconnaître le génocide arménien».

Mme Harf a refusé de s'exprimer sur la promesse de M. Obama en 2008 et a demandé aux journalistes de s'adresser à la Maison-Blanche.

Les Arméniens estiment que 1,5 million des leurs ont été tués de manière systématique à la fin de l'Empire ottoman par l'armée dans le but d'éradiquer les Arméniens d'Anatolie, une région située dans l'est de la Turquie actuelle.

La Turquie affirme pour sa part qu'il s'agissait d'une guerre civile, doublée d'une famine, dans laquelle 300 à 500 000 Arméniens et autant de Turcs ont trouvé la mort, au moment où les forces ottomanes et l'empire russe se disputaient le contrôle de l'Anatolie.