La nouvelle candidate à la présidentielle américaine, Hillary Clinton, a quitté dimanche le conseil d'administration de la fondation fondée par son mari Bill, selon Politico, dans un contexte de critiques sur d'éventuels conflits d'intérêts.

«Bien que j'aie chéri le temps passé au conseil d'administration et dans le travail quotidien à la Fondation, afin de me consacrer à cette nouvelle aventure, j'ai démissionné du conseil d'administration, à compter d'aujourd'hui», a écrit Hillary Clinton dans un message interne obtenu par le site Politico, peu après avoir annoncé sur internet sa candidature à l'investiture démocrate, pour la présidentielle de novembre 2016.

La Fondation Bill, Hillary et Chelsea Clinton compte parmi les plus importantes fondations caritatives du monde, avec près de deux milliards de dollars levés depuis sa création en 2001.

Après avoir quitté le département d'État en 2013, Hillary Clinton avait rejoint la fondation et lancé plusieurs projets, dont le projet «No Ceilings» (pas de plafonds), focalisé sur la participation des femmes et des filles dans la société et l'économie, notamment dans les pays en développement.

Les quatre années passées par Hillary Clinton à la tête de la diplomatie américaine (2009-2013) n'ont pas tari les dons d'États étrangers à la Fondation créée par son mari en 2001. À sa nomination, pour éviter l'apparence de conflits d'intérêts, la fondation avait accepté de restreindre ce type de dons en signant un mémorandum avec l'administration de Barack Obama.

Selon cet accord, si un État déjà donateur augmentait «matériellement» ses dons, ou si un nouvel État offrait un don, la fondation devait soumettre la contribution au département d'État pour identification d'éventuels conflits d'intérêts.

Mais six ans plus tard, la Fondation a reconnu qu'elle n'avait pas soumis à cet examen éthique un don de l'Algérie de 500 000 dollars, destinés à aider Haïti après le séisme de 2010.

Au total, au moins sept États étrangers (Koweït, Qatar, Oman, Australie, Norvège, République dominicaine et Algérie) ont contribué à la fondation pendant qu'Hillary Clinton était secrétaire d'État et gérait des dossiers diplomatiques sensibles impliquant parfois ces pays.

De nombreux autres, comme l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis ou l'Allemagne ont donné en 2014, après son départ de l'administration.

Il y a aussi les chèques de plusieurs millions de dollars versés par des chefs d'entreprises, philanthropes, millionnaires et groupes étrangers. Parmi eux, le Canadien Frank Giustra, l'Ukrainien Victor Pinchuk, le Saoudien Mohammed Al Amoudi, ou encore Rilin Enterprises, dirigée par le milliardaire chinois Wang Wenliang, membre du parlement chinois.

Ces contributions sont légales mais, venant de la part d'individus ou entités qui ont des intérêts diplomatiques ou économiques importants à défendre à Washington, elles exposent Hillary Clinton aux soupçons de conflits d'intérêts, puisque la démocrate pouvait trouver un intérêt personnel au succès de la fondation qui porte son nom depuis 2013.

L'analyse menée par le Washington Post des dons purement américains montre de son côté que la moitié des grands donateurs du comité ami Ready for Hillary ont donné 10 000 dollars directement ou indirectement à la fondation: un moyen pour eux de continuer à rester impliqués auprès des Clinton pendant le hiatus diplomatique, en attendant une candidature.

Vulnérabilité politique  

Les républicains ont saisi l'occasion pour relancer leurs attaques contre l'éthique du couple Clinton, notamment à la lumière du don algérien, qui a échappé à l'examen du département d'État.

Le sénateur Rand Paul, candidat à l'investiture de son parti, parle de corruption. Il a critiqué les dons de monarchies du Golfe et appelé la fondation Clinton à rendre l'argent versé par l'Arabie saoudite.

«Hillary Clinton doit expliquer pourquoi elle accepte de l'argent de pays étrangers qui violent les droits des femmes», a-t-il dit.

La démocrate répond en défendant le travail humanitaire de la fondation. «Il ne peut y avoir de doute sur ma passion pour les droits des femmes ici et dans le reste du monde», a-t-elle dit lors d'une conférence de presse le 10 mars. «Les gens qui souhaitent soutenir la fondation connaissent très bien nos valeurs et nos convictions».