La seconde campagne présidentielle d'Hillary Clinton est en marche, avec un lancement ce week-end, selon plusieurs médias, et pour cette nouvelle candidature la démocrate tentera de briser le carcan qui avait gêné sa campagne de 2008, misant sur l'humilité.

L'ex-secrétaire d'État et ancienne Première dame, 67 ans, devrait franchir le pas dimanche sur les réseaux sociaux, selon des médias américains, avant de se rendre dans l'Iowa, État incontournable des primaires qui commenceront début 2016. La présidentielle aura lieu en novembre 2016.

> Réagissez sur le blogue de Richard Hétu

Les équipes d'Hillary Clinton, archifavorite des sondages des primaires, devraient s'atteler à façonner une image plus humble de la démocrate, préférant par exemple des formats de réunions publiques décrits comme plus intimes.

«Il est important, et Hillary le pense aussi, qu'elle y aille comme si elle n'avait jamais été candidate à rien avant, et qu'elle établisse une connexion avec les électeurs», a dit Bill Clinton au magazine Town and Country, confirmant le secret de Polichinelle de sa campagne.

L'ancien président promet d'ailleurs de n'être qu'un «conseiller des coulisses».

Une humilité d'autant plus nécessaire qu'Hillary Clinton n'a jusqu'à présent pas complètement répondu aux questions sur son usage exclusif d'une messagerie privée lorsqu'elle dirigeait la diplomatie américaine, de 2009 à 2013.

Les républicains l'accusent aussi de conflits d'intérêts, au regard de dons étrangers à la Fondation Clinton. Ils n'ont pas attendu et diffusé vendredi une vidéo internet, dans certains États stratégiques, appelant à «stopper Hillary».

Mot-clic grand-mère

Hillary Clinton a publié vendredi sur le Huffington Post un «épilogue» à ses mémoires de secrétaire d'État, Le temps des décisions, publié l'an dernier.

Un texte centré sur son rôle assumé de grand-mère de la petite Charlotte, née en septembre dernier, et qui forme en filigrane le prologue d'une campagne axée sur l'égalité des chances, l'éducation des enfants, l'accès à la santé.

«Je suis plus convaincue que jamais que notre avenir au 21e siècle dépend de notre capacité à assurer à chaque enfant, qu'il soit né dans les collines des Appalaches, dans le delta du Mississippi ou la vallée du Rio Grande, les mêmes chances de succès qu'à Charlotte», écrit Hillary Clinton.

«C'est sûrement le meilleur job du monde», écrit-elle aussi, multipliant les anecdotes familiales.

Le thème de la grand-mère assumée marque un revirement par rapport à 2008, quand son stratège lui assurait que les Américains ne voulaient pas d'une «Première maman».

«En 2008, elle avait essayé de se positionner grosso modo comme Margaret Thatcher, comme quelqu'un de fort, mais qui ne parlait pas consciemment de son sexe comme avantage politique», dit Lara Brown, directrice du programme de management politique à l'Université George Washington, à l'AFP. «Elle et son équipe ont tiré la leçon de 2008 et compris qu'être la première, c'est quelque chose de très puissant».

«Les gens lui reconnaissaient des qualités de leader, de quelqu'un de fort, mais ils étaient moins enclins à la trouver empathique ou sympathique», dit Jennifer Lawless, qui dirige l'institut des femmes en politique à l'American University, à l'AFP. «Le mot-clic grand-mère est un exemple parfait de la façon dont elle compte compenser ça».

Sur le fond, Hillary Clinton devra décliner les thèmes standards du parti démocrate, qu'elle épouse sans équivoque, en propositions. Avec le double défi de se distinguer de Barack Obama, et de rassurer la gauche du parti, qui a critiqué les liens des Clinton avec Wall Street.

Candidate «data» 

Le «data», la collecte et l'analyse de données pour justifier toute décision, est la marotte d'Hillary Clinton, sa marque de fabrique au département d'État et à la Fondation Clinton. Elle promeut une approche rationnelle du pouvoir - une critique implicite du gouvernement «idéologique» des républicains.

«Il faut faire la recherche, faire les calculs, c'est comme ça qu'on minimise les risques et maximise l'impact», a dit Hillary Clinton.

Une leçon tirée pour la gestion opérationnelle de sa campagne.

La démocrate a débauché les anciens des équipes technologiques et internet de Barack Obama, qui avaient largement surpassé les républicains en 2012.

«Ce sont les cerveaux les plus affûtés qui existent sur la question, ils savent exactement comment fonctionne une campagne moderne», a dit à l'AFP Kevin Thurman, directeur internet adjoint de Clinton en 2008.