L'ancien président démocrate de la commission des Affaires étrangères du Sénat américain, Robert Menendez, a été inculpé mercredi par la justice fédérale pour corruption par un riche donateur, des accusations qu'il a vigoureusement niées.

Robert Menendez, 61 ans, présidait la puissante commission jusqu'à ce que les démocrates perdent la majorité sénatoriale en janvier. Il est l'un des parlementaires les plus hostiles aux négociations sur le nucléaire iranien, et est le coauteur d'une nouvelle loi de sanctions contre Téhéran, dont l'examen est pour l'instant gelé. Il est aussi l'un des démocrates à soutenir une autre proposition de loi qui vise à obliger Barack Obama à passer par le Congrès avant d'appliquer tout accord avec l'Iran.

Incontournable du dossier, il a toutefois annoncé dans la foulée de son inculpation qu'il quitterait le poste de chef de la minorité démocrate de la commission des Affaires étrangères, un poste important qui lui permettait d'exercer une certaine influence. Il continuera à siéger à la commission et au Sénat.

Mais Robert Menendez a juré de se battre jusqu'à être blanchi, dans une déclaration à la presse dans son Etat du New Jersey.

«Je suis en colère car les procureurs du département de la Justice ne font pas la différence entre l'amitié et la corruption, et ont décidé de transformer mon devoir de sénateur et mon amitié en quelque chose de déplacé», a dit Robert Menendez. «Ils ont faux sur toute la ligne et je suis certain que ce sera prouvé».

Les accusations sont très graves. Sur les 14 chefs d'accusation, huit concernent des faits de corruption punissables de 15 ans de prison chacun.

Il est accusé d'être intervenu auprès des pouvoirs publics pour aider les intérêts personnels et financiers d'un ophtalmologiste et homme d'affaires de Floride, Salomon Melgen, en échange de vacances, vols privés et parties de golf. Salomon Melgen a également été inculpé.

Parmi les cadeaux détaillés dans le document d'accusation: plus de 750.000 dollars de dons pour la réélection de Robert Menendez en 2012; des vols en jet privé et des vacances en République dominicaine, où Salomon Melgen possédait une villa; ou encore trois nuits au palace Park Hyatt Paris-Vendôme en 2010, payées à la demande explicite du sénateur par le médecin.

M. Menendez «n'a jamais déclaré aucun de ces cadeaux reçus de Melgen» au Sénat, alors qu'il aurait dû, indique le document.

En échange, l'accusation relate les nombreuses interventions de Robert Menendez en faveur du médecin, personnellement et via ses collaborateurs, pour notamment:

• accorder des visas aux «petites-amies» brésilienne, dominicaine et ukrainienne de M. Melgen;

• appuyer la société de sécurité portuaire de M. Melgen en République dominicaine dans un litige commercial;

• et aider M. Melgen à éviter de rembourser 9 millions de dollars surfacturés à Medicare, le système public d'assurance maladie pour les plus de 65 ans.