Des pirates informatiques ont laissé des «empreintes numériques» dans plusieurs réseaux américains pour démontrer leur vulnérabilité, a indiqué jeudi l'amiral Michael Rogers, patron de la NSA et du cyber commandement de l'armée américaine.

«Des spécialistes de sécurité de sociétés privées ont rapporté l'année dernière l'existence de nombreux programmes malveillants sur les systèmes de contrôle industriels», a déclaré l'amiral Rogers dans un témoignage devant le Sénat américain.

«Nous pensons que des adversaires potentiels sont peut-être en train de laisser des ''empreintes numériques'' sur nos infrastructures essentielles, en partie pour nous avertir que notre territoire peut être en danger en cas d'escalade vers un conflit militaire», a encore expliqué le chef de l'Agence nationale de sécurité (NSA).

Les «menaces et vulnérabilités numériques augmentent à un rythme qui va s'accélérant et qui est alarmant», a estimé l'amiral Rogers.

Dans certains cas, il est possible que des pirates informatiques cherchent à établir des «têtes de pont» pour établir une «présence permanente» sur certains réseaux, en particulier sur ceux liés aux infrastructures essentielles (électricité, transport, eau, contrôle aérien...).

L'amiral Rogers a par ailleurs indiqué que la future cyberarmée américaine, qui doit compter 6200 hommes en 2016, était aujourd'hui «à mi-chemin» de cet objectif.

Ces troupes, organisées en 133 équipes réparties dans toutes les forces américaines, ont pour mission de protéger et défendre contre les cyberattaques les réseaux militaires américains, mais aussi les grands réseaux civils.

Elles devront avoir aussi une capacité offensive, capable d'attaquer le cas échéant des réseaux informatiques d'adversaires des États-Unis, pour exercer notamment une sorte de «dissuasion», a rappelé l'amiral Rogers.

Pour le chef du cybercommandement américain, la Russie, en pleine épreuve de force sur la Crimée et l'Ukraine, n'hésite pas à montrer sa force sur les réseaux informatiques, exactement comme elle le fait dans les domaines militaires classiques (manoeuvres près des frontières, vols de bombardiers stratégiques testant les défenses occidentales...).

Comme d'autres chefs militaires américains, «j'observe une Russie bien plus active et d'une manière plus visible» sur la toile, a expliqué l'amiral Rogers.

«Je pense que nos amis russes sont en train d'essayer de nous envoyer un message fort sur ce qui est acceptable pour eux, et ce qui ne l'est pas», a-t-il indiqué.