La police de Los Angeles a adopté lundi une posture défensive après la mort, la veille, d'un sans-abri tué par balle par les forces de l'ordre dont les méthodes relancent la question de la violence policière aux États-Unis.

En uniforme et devant des journalistes, le chef de la police, Charlie Beck, a assuré la famille de la victime, mais aussi les agents «impliqués dans cette tragédie», de sa «sympathie», tout en promettant une «enquête exhaustive».

Le maire de Los Angeles Eric Garcetti a, lui, promis une «enquête méticuleuse» et prié ses administrés de ne «tirer aucune conclusion» avant que les résultats en soient connus.

Manifestement soucieux, Charlie Beck s'est entouré de précautions oratoires dans la description qu'il a faite de l'altercation lors de la conférence de presse.

«Pendant qu'il était à terre et qu'il se débattait avec les agents, l'homme a tenté de s'emparer du pistolet de l'un d'eux, ce qui a provoqué une fusillade dans laquelle des policiers ont été impliqués», a-t-il déclaré, tout en soulignant que certains policiers portaient sur eux des caméras.

Les images n'ont toutefois pas été publiées, mais M. Beck a promis qu'elles seraient analysées dans le cadre de l'enquête.

En revanche, une vidéo prise par un passant a été diffusée sur les réseaux sociaux.

En plein jour, sur un bout de trottoir d'un quartier du centre de Los Angeles sinistrement appelé Skid Row («les bas fonds»), on voit une demi-douzaine de policiers tabasser un sans-abri, dont des compagnons ont dit au Los Angeles Times qu'il était surnommé «Africa».

Les policiers étaient intervenus pour un cambriolage et, selon des témoins, la victime se battait avec quelqu'un dans une tente où il vivait dans le quartier, a rapporté le Los Angeles Times.

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La police a expliqué que l'homme avait été pris pour cible par trois policiers après avoir tenté de se saisir de l'arme de l'un d'entre eux au cours de cette altercation.

Lors de la conférence de presse de lundi, le chef de la police a présenté des photos de l'arme qui prouvent, selon lui, qu'il y a eu «lutte pour le pistolet» entre les policiers et le sans-abri.

Les policiers ont alors utilisé un taser, a-t-il expliqué. «Mais le taser n'a eu qu'un effet limité et (l'homme) a continué à se débattre».

Sur la vidéo on entend crier: «Lâche l'arme!», avant plusieurs détonations et des appels au secours de badauds.

Un porte-parole de la police de Los Angeles a indiqué que les services de secours appelés sur place n'avaient pu que constater la mort de l'homme.

Le souvenir de Ferguson 

«Il me semble que les agents ont agi avec compassion jusqu'au moment où l'usage de la force s'est avéré nécessaire», a encore dit Charlie Beck.

Selon les médias locaux, la victime vivait dans l'une des tentes de Skid Row, un quartier où vivent de nombreux sans-abri.

L'enquête sera conduite par un inspecteur général indépendant, ont indiqué le procureur du district et la division des enquêtes de la police de Los Angeles.

Deux policiers ont été légèrement blessés, et ceux qui ont tiré sur l'homme ont été écartés du terrain pour le moment.

Une télévision locale a indiqué que les tensions sont restées très fortes dans le quartier pendant plusieurs heures après l'incident.

La mort de ce sans-abri intervient après plusieurs affaires de Noirs tués par des policiers blancs, qui ont ravivé le débat sur le racisme dans la police et l'équité du système judiciaire et provoqué des manifestations l'année dernière.

L'affaire la plus retentissante a été celle de la mort de Michael Brown, un jeune Noir de 18 ans, abattu de six balles le 9 août en pleine rue, 20 minutes après avoir visiblement volé un paquet de cigarillos.

De graves émeutes raciales avaient secoué Ferguson. Venu immédiatement après pour rassurer une communauté noire blessée, le ministre de la Justice Eric Holder avait alors dit comprendre, en tant qu'«homme noir», «la méfiance et la suspicion mutuelle» régnant entre policiers et Afro-Américains.