Pour la première fois de l'histoire des États-Unis, un pape prononcera un discours au Congrès, en septembre, une invitation solennelle qui souligne la popularité du pape François aux États-Unis, au-delà des divisions partisanes.

Le pape François doit se rendre entre le 22 et le 27 septembre aux États-Unis, pour la rencontre mondiale des familles à Philadelphie, et une visite aux Nations unies, à New York.

Il fera aussi étape à Washington où, outre une rencontre attendue avec Barack Obama, il prononcera le 24 septembre un discours devant les deux chambres du Congrès des États-Unis, au Capitole. L'annonce en a été faite jeudi.

L'honneur est réservé aux dirigeants des pays amis des États-Unis, du monde entier. Tous les chefs d'État français de Charles de Gaulle à Nicolas Sarkozy sont montés à cette tribune.

Le pape argentin est très populaire aux États-Unis, avec 78% d'opinions favorables, selon un sondage Pew de décembre, soit un peu moins qu'en Europe, mais un peu plus qu'en Amérique latine, en moyenne.

«Dans ces temps de bouleversements mondiaux, le message de compassion et de dignité humaine du Saint-Père touche les gens de toutes les confessions et tous les milieux», a déclaré John Boehner, président républicain de la Chambre des représentants, en annonçant la date.

Le pape avait été formellement invité en mars 2014 par John Boehner, avec l'appui enthousiaste de la chef des démocrates de la Chambre, Nancy Pelosi. Les deux chefs de file sont catholiques, comme près d'un élu du Congrès sur trois (la majorité étant protestants).

Les élus sont «honorés et ravis que le pape François, premier pontife à être né sur le continent américain, ait accepté notre invitation», a dit Nancy Pelosi. «Nous sommes impatients d'écouter son appel à vivre selon nos valeurs, à protéger les pauvres et les gens dans le besoin, et à promouvoir la paix».

Rencontre avec Obama 

Le contraste était saisissant jeudi entre les réactions à la visite papale et le malaise déclenché par l'invitation récente du premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

M. Netanyahu est un habitué du Congrès: il y a déjà prononcé deux fois un discours. Mais cette troisième invitation, à l'initiative des républicains, a pris un tour partisan, car elle s'est faite sans consultation avec la Maison-Blanche, un apparent accroc au protocole.

La Maison-Blanche reproche implicitement à Benjamin Netanyahu de vouloir s'ingérer dans la politique intérieure américaine en appuyant les partisans de sanctions contre l'Iran au Congrès.

Mais le pape reste admiré, et sa médiation secrète dans le rapprochement entre les États-Unis et Cuba, officialisé en décembre, ne semble pas avoir affecté sa cote chez les républicains, qui sont pour la plupart hostiles à la normalisation des relations avec La Havane.

Une résolution a été déposée en janvier au Sénat pour remercier le pape de son intervention, qui a aussi conduit à la libération de l'Américain Alan Gross.

«Des bidonvilles de Buenos Aires à la place Saint-Pierre, le pape François touche le coeur de millions de personnes et inspire une nouvelle génération avec son style nouveau et engagé», a commenté Mitch McConnell, l'austère chef de la majorité républicaine du Sénat, en guerre permanente avec la minorité démocrate.

«Dans un lieu trop souvent déchiré par les divisions politiques, je suis certain que ses mots nous éclaireront et nous enrichiront», a réagi le sénateur démocrate Richard Durbin.

Le planning exact du voyage du pape François n'est pas encore connu. Mais le président américain a confirmé qu'il verrait le pape.

«J'ai hâte d'accueillir le pape François aux États-Unis plus tard cette année», a dit Barack Obama jeudi.