Des milliers d'immigrants cherchant à régulariser leur statut devant les tribunaux aux États-Unis ont vu leurs audiences annulées et se sont fait dire par le gouvernement qu'ils pourraient devoir attendre jusqu'à 2019 ou plus tard encore pour connaître leur sort.

Certains avocats de l'immigration craignent que ces délais augmentent le risque de déportation de leurs clients, alors que des éléments de preuve pourraient ne plus être recevables, des témoins pourraient s'être éclipsés, des parents pourraient être morts et des enfants à charge auraient atteint l'âge adulte.

L'accroissement des annulations a commencé à la fin de l'été dernier, alors que le département de la Justice a mis en traitement prioritaire les cas de dizaines de milliers de migrants de l'Amérique centrale traversant la frontière entre le Mexique et les États-Unis, la plupart des mères et leurs enfants ou des mineurs sans accompagnement.

Des avocats de l'immigration dans des villes comptant une large part de ces dossiers, incluant New York, San Antonio, Los Angeles et Denver, ont indiqué avoir été informés à la dernière minute de l'annulation d'audiences sans mention de nouvelles dates de retour devant les tribunaux. Les permis de travail, les cartes vertes accordant des statuts de résidents permanents, les demandes d'asile, et les réunifications familiales pèsent dans la balance.

L'avocat de Denver David Simmons a dit n'avoir jamais vu de tels arriérés en près de 30 ans de pratique.

Avant juillet, seuls les immigrants en détention étaient considérés prioritaires par le système de justice. En vertu de nouvelles politiques, les mineurs sans accompagnement et les familles risquant la déportation ont aussi un statut prioritaire, indépendamment du fait qu'ils soient détenus ou non.

Le département de la Justice a indiqué que les dossiers de plus de 415 000 immigrants n'étant pas en détention étaient en suspens.

Lors de l'arrivée massive d'immigrants d'Amérique centrale l'été dernier, les tribunaux d'immigration à Denver étaient déjà à court de deux juges partis à la retraite. Deux des trois juges restants entendent par vidéoconférence les cas de familles dans un nouveau centre de détention dans le sud du Texas. Le troisième juge de Denver traite des cas de mineurs sans accompagnement ayant été placés avec des proches.