Le puissant blizzard qui longe la côte Est américaine a enseveli les habitants des états de la Nouvelle-Angleterre et du Massachusetts sous près de 60 centimètres de neige dans certains secteurs, causant des pannes d'électricité, des inondations et l'annulation de milliers de vols. 

Pour l'instant, la tempête annoncée comme « historique » ne s'est toutefois pas encore concrétisée à New York, où l'alerte de blizzard a été levée. L'alerte est toujours maintenue au Rhode Island et au Massachusetts, où neige et vents violents sont toujours attendus.

Un état d'urgence a été par ailleurs été proclamé dans les états du Maine et du New Hampshire.

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Malgré les évacuations de citoyens vivant les régions côtières touchées par les inondations, il n'y a pas eu de situations de « vie ou de mort », a rapporté ce matin un responsable du Massachusetts Emergency Management Agency en entrevue au quotidien Boston Globe. Le journal rapporte toutefois qu'une centrale nucléaire a dû être fermée après la chute de deux lignes de transmissions durant la tempête.

Les 15 000 habitants de l'île de Nantucket sont plongés dans le noir, a par ailleurs rapporté le chef de police de l'île à la chaine d'information américaine CNN. 

La ville de Providence, au Rhode Island, avait reçu au moins 25 centimètres de neige en début de journée mardi.

New York épargné

La tempête n'a toutefois pas été à la hauteur des prévisions en certains endroits, notamment à Philadelphie et New York. La mégalopole américaine a d'ailleurs annulé l'interdiction de voyager en vigueur quand les conditions météorologiques ont été plus clémentes que prévu.

«La tempête n'a pas été aussi grave que l'avaient prédit les météorologistes», a déclaré le gouverneur de l'État de New York Andrew Cuomo. «Nous levons toutes les interdictions de circuler sur les routes», en coordination avec l'État voisin du New Jersey, a-t-il annoncé lors d'une conférence de presse.

Il a ajouté que les transports en commun, tous interrompus lundi soir dans la ville de 8,4 millions d'habitants, reprendraient progressivement à partir de 9h00, et fonctionneraient à 60% de leur capacité en fin de matinée, soit l'équivalent d'un service du dimanche.

Trains de banlieue, métro, bus avaient tous été arrêtés lundi soir, dans l'attente d'un blizzard que la météo nationale avait qualifiée de «potentiellement historique».

Le maire de New York Bill de Blasio avait demandé aux habitants de rester chez eux, les spectacles de Broadway avaient été supprimés et la ville privée de transports a connu une nuit incroyablement calme.

Il est tombé 16 cm de neige à Central Park depuis lundi, selon les relevés du National Weather Center, la météo nationale.

Les conditions se sont rapidement améliorées quand la tempête a commencé à glisser vers le nord. Les interdictions de voyager annoncées au New Jersey et à New York ont été annulées en milieu de matinée. Les autocars, métros et trains de New York devraient recommencer à rouler sous peu, et le retour à l'horaire normal est prévu pour mercredi. On ne rapporte que quelques pannes mineures d'électricité.

Des rafales de vent de 80 kilomètres/heure ont été mesurées entre le New Jersey et la région de Boston. Des rafales de 125 kilomètres/heure ont été enregistrées sur l'île de Nantucket.

Plus de 7700 vols ont été annulés, dont certains qui ne s'envoleront pas avant mercredi. Le transporteur ferroviaire Amtrak a annulé son service au nord de New York et réduit ses activités au sud.

Tous les vols au départ de l'aéroport international bostonnais Logan ont été annulés, et seuls quelques avions pourraient s'y poser au cours des prochaines heures. 85% des vols y étaient supprimés, et à Philadelphie, plus au sud, 89%, selon FlightAware.

À Manhattan, les principales artères étaient dégagées mardi matin, les chasse-neige ayant travaillé toute la nuit. Les ponts et tunnels ont été rouverts.

Les aéroports new-yorkais étaient opérationnels, mais «le problème ce sont les nombreuses annulations de vol», a ajouté M. Cuomo.

Le gouverneur a défendu la décision d'arrêter toute la circulation dans l'État, rappelant qu'il y a quelques semaines, une tempête de neige dans la région de Buffalo (nord de l'État), avait bloqué de nombreux automobilistes sur les routes pendant plusieurs jours.

«Les routes étant vides, nous avons pu les dégager» de la neige. Et le fait d'avoir mis à l'abri les rames de métro et les trains permettra au système de «reprendre plus vite», a-t-il déclaré, tout en reconnaissant que ce genre de décision était un «exercice coûteux», affectant de nombreuses entreprises.

Mais «les gens peuvent mourir dans une tempête», a-t-il insisté.

«Nous retournerons à la normale beaucoup plus vite», a aussi déclaré Bill de Blasio.

68,32 cm à Central Park en 2006

«Ce n'est pas une tempête typique», avait insisté lundi le maire de New York. «Rentrez tôt chez vous», a-t-il ajouté, répétant que le blizzard devait être «l'un des plus importants de l'histoire de la ville» de 8,4 millions d'habitants.

Le record pour une tempête de neige à New York date de 2006, quand 68,32 cm de neige avaient été enregistrés à Central Park les 11 et 12 février.

«Les New-Yorkais doivent se préparer à de possibles pannes d'électricité, dues aux vents violents qui pourraient faire tomber les lignes et les arbres», avait aussi averti le gouverneur de l'État de New York.

Les New-Yorkais inquiets avaient dévalisé les supermarchés dimanche et lundi pour faire des provisions, patientant parfois dans le froid avant de pouvoir y entrer acheter pain, lait, fruits et légumes.

«Je n'ai rien à manger. J'ai besoin de provisions. Qui sait si demain je vais pouvoir sortir de chez moi», avait confié à l'AFP Rosa Ramirez, une Dominicaine patientant dans une file devant le supermarché Whole Foods d'Union square à Manhattan.

Magasins fermés

«Les autorités ont peut-être réagi de façon un peu excessive, mais deux précautions valent mieux qu'une», a déclaré à l'AFP Stewart Dansby, publicitaire new-yorkais de 42 ans, heureux d'avoir pu reprendre le métro. «La neige peut causer beaucoup de problèmes», a-t-il ajouté.

«C'était une décision difficile» pour les autorités, a aussi estimé Ed, un commerçant préférant ne pas donner son nom de famille. «Mais on ne savait pas. Ils ont joué la sécurité».

À l'angle de la 6e avenue et de la 23e rue, par -5°, trois touristes français cherchaient désespérément de quoi petit-déjeuner, magasins et enseignes de restauration rapide étant tous fermés.

«On croyait que rien ne fermait jamais», commentait avec le sourire Danièle Moreau, de Provins, se demandant comment occuper la journée. «Mais ça fait des souvenirs!».

La tempête actuelle, qui concerne une bande de plus de 450 km de longueur, allant de Philadelphie à l'État du Maine, devrait s'éloigner progressivement mercredi.

- Avec Associated Press et Agence France-Presse