À Los Angeles, le rapport d'autopsie d'Ezell Ford, un jeune noir tué par la police cet été, a été accueilli avec colère, mais calme par les activistes communautaires et les proches de la victime.

La police de Los Angeles (LAPD) a diffusé lundi ce rapport attendu depuis le 11 août, quand le jeune homme de 25 ans souffrant, selon ses proches, de retard mental et schizophrénie, a été tué par deux policiers après avoir été interpellé alors qu'il marchait dans la rue. Son comportement avait été jugé «suspect» par les deux agents.

Selon le rapport obtenu par l'AFP, Ezell Ford, qui n'était pas armé, a été touché par trois balles, l'une dans le bras droit, et deux fatales, l'une à l'abdomen, l'autre dans le dos.

M. Ford portait aussi la marque de la bouche du canon du pistolet du policier sur le côté droit de son dos.

Versions divergentes

Les versions de la police et celle des proches de M. Ford sont très différentes.

Selon la police, lorsque les deux agents ont suivi Ezell Ford hors de leur voiture, il aurait tenté de s'échapper avant de faire volte-face et de mettre à terre l'un des deux policiers et d'essayer d'attraper son arme.

Le policier à terre aurait alors appelé son coéquipier à l'aide, celui-ci tirant deux balles, tandis que lui-même aurait attrapé son arme de secours puis le dos d'Ezell Ford et tiré.

Lors d'une conférence de presse lundi, le chef de la police de Los Angeles Charlie Beck a affirmé qu'il n'y avait «rien dans ce rapport d'autopsie qui soit incohérent avec la version» des policiers.

Les proches d'Ezell Ford nient eux que le jeune homme se soit battu ou que son comportement ait été agressif.

Une quarantaine de personnes s'étaient réunies lundi en fin d'après-midi au coin de la 65e rue et de Broadway, au sud de Los Angeles, près d'un autel improvisé en l'honneur de M. Ford, à quelques mètres de là où il a été tué.

La tante d'Ezell Ford, Lenay Williams, a déclaré à l'AFP qu'elle et sa famille «demandent justice pour tous ceux qui ont eu leur vie volée par la police».

Jessie Erwin, 46 ans, qui se dit ami du père d'Ezell Ford et connaissait très bien le jeune homme, dit qu'il a «un enfant de 18 ans» lui-même et qu'il a «peur pour son fils».

Il ajoute que la police «n'a plus lâché (les afro-américains) après (l'affaire) Rodney King», un jeune homme battu par des policiers qui ont été acquittés à la suite d'un procès en 1992, déclenchant des émeutes.

Vers 19h30 (11h30, à Montréal) une vingtaine de manifestants ont formé un petit cortège remontant Broadway en scandant des slogans tels que «pas de justice pas de paix».

Earl Hutchinson, président d'une association de défense des droits des minorités, a pour sa part appelé la procureure de Los Angeles Jackie Lacey à «envisager de porter plainte au pénal contre les deux agents du LAPD.

«Le rapport d'autopsie parle d'homicide», «les blessures de balle dans son dos suggèrent fortement qu'il ne pouvait être en train de résister aux policiers», a poursuivi M. Hutchinson.

De son côté, l'avocat de la famille Ford, Steven Lerman, qui avait également défendu Rodney King, a estimé auprès de l'AFP que ce rapport «est un acte d'accusation effroyable sur un usage injustifié de la force». «Le fait qu'il ait reçu une balle d'aussi près», «on dirait une exécution», a-t-il ajouté.

Ezell Ford est mort deux jours après Michael Brown, un adolescent noir lui aussi sans arme tué à Ferguson, dans le Missouri (centre), par un policier blanc.

La mort de Michael Brown, celle d'Eric Garner à New York, celle de Tamir Rice, 12 ans, à Cleveland, entre autres afro-américains sans armes et tués par des policiers ces derniers mois, ont déclenché d'énormes manifestations, la plupart pacifiques, mais certaines émaillées de violence, à travers les États-Unis.

Alors que les relations entre minorités et la police se tendent, deux agents ont été assassinés à New York le 20 décembre et deux autres cibles de tirs à Los Angeles dimanche.