Durant les années 80 et 90, le comédien Bill Cosby a incarné le papa idéal, drôle, responsable et aimant, dans la sitcom portant son nom. Deux décennies plus tard, ce monument de l'humour américain doit se défendre d'être un «violeur en série». Comment expliquer ce revirement? Voici, en quatre dates, les circonstances d'une descente aux enfers qui a incité hier la chaîne NBC à faire une croix sur un projet de sitcom mettant en vedette le comédien de 77 ans et dont la première devait être diffusée en 2015.

16 octobre 2014

Lors d'un spectacle présenté à Philadelphie, le comédien Hannibal Buress traite Bill Cosby de violeur à plusieurs reprises. Après avoir reproché à son aîné ses remontrances moralisatrices à l'intention des jeunes Afro-Américains, le comique de 31 ans dit: «Oui, mais tu as violé des femmes, Bill Cosby.» Et Buress de préciser le nombre des victimes présumées de la star - 13 - avant de demander aux spectateurs de taper les mots «Bill Cosby» et «viol» dans le moteur de recherche Google. Diffusée sur l'internet, une vidéo montrant cet extrait du spectacle devient virale. «Je ne sais pas si cette vidéo est responsable à elle seule de ce qui arrive aujourd'hui à Bill Cosby, mais c'est certainement un facteur», a dit à La Presse Robert Thompson, directeur du Centre d'étude de la télévision et de la culture populaire à l'Université de Syracuse.

13 novembre 2014

«J'ai été droguée et violée par Bill Cosby», écrit Barbara Bowman dans une tribune publiée par le Washington Post, décrivant près de deux années de sévices sexuels de la part du comédien, qui l'avait prise sous son aile en 1985, alors qu'elle avait 17 ans. Trente ans plus tard, l'ancienne actrice demande, en faisant allusion aux accusations qu'elle avait déjà formulées en 2006 à l'encontre de celui qu'elle qualifie aujourd'hui de «violeur en série»: «Pourquoi ne m'a-t-on pas crue?» En 2005, Bowman a fait partie d'un groupe de 12 femmes anonymes qui affirmaient avoir été violées par Cosby et qui étaient prêtes à témoigner dans une poursuite civile intentée par Andrea Constand. Cette ancienne employée de l'Université Temple accusait le comédien de l'avoir droguée et agressée sexuellement en 2004. La cause a été réglée à l'amiable en 2006.

15 novembre 2014

Bill Cosby et sa femme Camille sont reçus par Scott Simon, animateur de l'émission Weekend Edition de la chaîne radiophonique NPR. Ils doivent y discuter de leur don d'objets d'art africain à l'un des musées du Smithsonian à Washington. Or, Simon se sent obligé d'interroger Cosby sur les «sérieuses allégations» d'agression sexuelle qui ont été formulées contre lui «au cours des derniers jours». D'autant plus que The Late Show With David Letterman a annoncé la veille sa décision de désinviter Cosby de son émission du 19 novembre. Mais le comédien refuse de répondre aux questions de Simon, se contentant de hocher la tête de droite à gauche. Le lendemain, son avocat fait savoir que Cosby ne réagira pas aux «vieilles allégations sans fondement» de viols. «Le fait qu'elles soient répétées ne les rend pas plus vraies», précise-t-il.

18 novembre 2014

Le mannequin Janice Dickinson accuse Bill Cosby de l'avoir droguée et violée en 1982. «Je fais cela parce que c'est la bonne chose à faire, et cela m'est arrivé, et c'est une histoire vraie. Je crois toutes les autres femmes», confie-t-elle à l'émission Entertainment Tonight. Dickinson devient la deuxième femme en deux jours à avoir porté de nouvelles accusations contre Cosby. Le 16 novembre, Joan Tarshis a déclaré au site Hollywood que Cosby l'avait droguée et violée à New York en 1969. «Je n'ai pas appelé la police parce que je n'avais que 19 ans à l'époque, dira Tarshis sur CNN. J'avais peur et je pensais que personne ne me croirait.» Deux jours après les allégations de Dickinson, Netflix annonce le report - aux calendes grecques - de la diffusion d'un spectacle de Bill Cosby prévue le 28 novembre.