Un nombre record de représentants du Congrès américain ont remporté une victoire sans opposition aux élections d'hier. Les limites des districts sont généralement décidées par des politiciens des États, qui visent à les rendre le plus sécuritaires possible pour le parti dominant.

«Dans certains districts, il ne vaut tout simplement pas la peine pour un parti de présenter un candidat, explique Gil Troy, politologue à l'Université McGill. C'est de l'argent dépensé en pure perte. Ça joue un grand rôle dans le manque de confiance des Américains envers leur Congrès.»

Depuis les dernières élections, en 2012, le nombre de districts n'ayant qu'un candidat est passé de 45 à 69. Par ailleurs, en 2012, à peine 15% des représentants élus l'avaient été par moins de 10%, une proportion qui a encore diminué cette année. Au Canada en 2011, plus du quart des députés ont été élus par des marges de moins de 10%.

En 2006, le comédien Stephen Colbert avait illustré l'absurdité de la chose. Il avait convaincu le représentant démocrate Robert Wexler, qui n'avait pas d'opposant, de se lancer - à la blague - dans une série de déclarations qui lui «feraient perdre l'élection» s'il avait un rival. Devant la caméra, le candidat avait été invité à dire, par Stephen Colbert, qu'il aimait la cocaïne et les prostituées!

Certains États ont modifié leur commission électorale pour la rendre non partisane, et donc assurer que les districts ne soient pas remodelés de manière tortueuse pour favoriser l'un ou l'autre parti, un processus appelé «gerrymandering» en l'honneur de son inventeur, Elbridge Gerry, un gouverneur du Massachusetts qui avait concocté en 1812 un district en forme de salamandre. Mais selon M. Troy, la solution devrait être nationale. «Le problème, c'est que dès qu'on aborde la question, on voit apparaître une alliance très inhabituelle: les Afro-Américains et les conservateurs, qui sont les deux groupes qui bénéficient le plus du gerrymandering.»