Le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel a renoncé à un voyage prévu de longue date au Vietnam et en Birmanie ce mois-ci sur fond de rumeurs de son remplacement.

Cette décision de reporter ce déplacement de 10 jours a été prise après des critiques à l'encontre de M. Hagel formulées par des responsables anonymes de l'administration du président Barack Obama.

Des médias ont fait notamment état d'un éventuel remplacement de M. Hagel et d'autres hauts responsables militaires à l'occasion d'un remaniement de l'équipe de sécurité nationale de Barack Obama, après les élections de mi-mandat ce mardi.

Mais des responsables militaires mardi ont rejeté ces critiques et spéculations.

«La décision de reporter ce voyage a été prise en raison de sollicitations importantes dans l'emploi du temps du secrétaire (Hagel), y compris des auditions parlementaires», a expliqué par courriel un responsable militaire, qui s'exprimait sous couvert de l'anonymat.

«C'était la décision la plus prudente à prendre pour s'assurer que M. Hagel soit disponible pour répondre aux questions du Congrès», a renchéri le porte-parole du Pentagone John Kirby lors d'une conférence de presse.

«C'était juste une décision prudente de planification, rien de plus», a ajouté M. Kirby.

Interrogé sur le fait que M. Hagel voulait sans doute consolider sa position, M. Kirby a répondu que le chef du Pentagone était en bons termes et avait d'excellentes relations de travail avec les conseillers de M. Obama.

«Le secrétaire (Hagel) apprécie sa relation très étroite avec le président et le personnel de la sécurité nationale», a-t-il poursuivi.

«Il estime faire partie d'une équipe qui aide le président à s'y retrouver dans les différents grands enjeux et décisions de sécurité nationale», a-t-il expliqué.

Ce voyage n'avait pas encore été annoncé officiellement, et il serait ainsi reporté à l'année prochaine.

Ce report intervient alors que Maison-Blanche et Pentagone discutent de la meilleure stratégie à adopter contre le groupe État islamique (EI) en Irak et en Syrie, contre lequel les États-Unis lancent des frappes quotidiennes depuis le 8 août.

Le secrétaire à la Défense avait reconnu mardi dernier que le régime syrien de Bachar al-Assad, dont les troupes luttent contre une multitude de groupes rebelles, pourrait profiter des raids aériens américains contre le groupe EI.

Selon le New York Times, dans une note adressée à Susan Rice, la conseillère à la sécurité nationale de M. Obama, M. Hagel a prévenu que la stratégie américaine en Syrie «risquait de s'étioler» précisément à cause de la confusion autour de la position américaine vis-à-vis de Bachar al-Assad.

Ce report annoncé si près de la date du départ est inhabituel, car M. Hagel a déjà effectué des déplacements en Asie alors que l'agenda politique était très chargé, notamment l'an dernier, quand Obama semblait prêt à lancer des frappes contre le régime syrien puis a finalement renoncé.

M. Kirby a précisé que cette décision ne remettait pas en question la stratégie des États-Unis en Asie de «réquilibrage» vers la région Asie-Pacifique.

M. Hagel a déjà effectué plus de six déplacements en Asie-Pacifique durant son mandat et reste très concentré sur les questions de sécurité qui affectent cette région, a ajouté M. Kirby.

Le voyage au Vietnam aurait été le premier de M. Hagel dans ce pays depuis sa prise de fonction en 2013, avec une signification particulière pour lui, car M. Hagel est un ancien combattant de la guerre du Vietnam, de laquelle il est revenu blessé.

Obama rencontrera Aung San Suu Kyi à Rangoun

Le président Barack Obama rencontrera l'opposante birmane Aung San Suu Kyi la semaine prochaine à Rangoun dans le cadre d'une tournée asiatique qui le mènera également en Chine et en Australie, a annoncé la Maison-Blanche mardi.

M. Obama participera au sommet USA-Asean (Association des nations d'Asie du Sud-Est) à Naypyidaw où est prévue une rencontre bilatérale avec le président birman Thein Sein.

Il se rendra ensuite à Rangoun où il rencontrera, vendredi 14 novembre, l'opposante de 69 ans, qui a passé de longues années en résidence surveillée sous la junte et est devenue une icône internationale. M. Obama a déjà rencontré Aung San Suu Kyi dans son pays lors d'une visite historique il y a deux ans, la première en Birmanie d'un président américain en exercice.

Le parti de l'opposante birmane, la Ligue nationale pour la démocratie (LND), est favori pour les élections législatives de fin 2015, ce qui lui laisserait la main, une fois majoritaire au Parlement, pour élire Suu Kyi présidente.

Mais la Constitution empêche pour le moment le prix Nobel de la paix de prétendre à la fonction suprême. Un amendement qui permettrait de faire tomber cette interdiction doit être prochainement discuté au Parlement.

M. Obama a appelé le président Thein Sein en fin de semaine dernière pour souligner la nécessité d'un processus «ouvert et crédible» pour l'organisation des législatives de 2015.

Le président américain débutera sa tournée asiatique en début de semaine prochaine par le sommet du Forum de coopération économique Asie-Pacifique (Apec), à Pékin, à l'issue duquel est prévue une rencontre avec le président chinois Xi Jinping.

Après une étape de trois jours en Birmanie, il se rendra à Brisbane, en Australie, pour participer au sommet du G20.

Le président russe Vladimir Poutine participera à ce sommet en dépit de vives tensions entre la Russie et les Occidentaux à propos de l'Ukraine.

La Maison-Blanche n'a donné aucune indication à ce stade sur un éventuel entretien entre les deux dirigeants. Leur dernière rencontre remonte à début juin, en France, lorsqu'ils s'étaient entretenus pendant une dizaine de minutes en marge des célébrations du 70e anniversaire du Débarquement en Normandie.

Jeudi, le secrétaire d'État américain John Kerry a jugé que la relation entre la Chine et les États-Unis était «la plus fondamentale dans le monde d'aujourd'hui», se disant convaincu que les deux puissances allaient façonner le XXIe siècle.

Appelant de ses voeux une «relation constructive» sur des sujets tels que le commerce mondial ou la lutte contre le changement climatique, il a une nouvelle fois assuré que le désormais célèbre «rééquilibrage» diplomatique de l'Amérique vers l'Asie-Pacifique n'était pas «un objectif stratégique dirigé» contre la Chine. La diplomatie américaine martèle depuis des années que Pékin n'est pas un «adversaire», mais un «concurrent».