L'Américain Jeffrey Fowle, libéré par la Corée du Nord mardi après six mois d'emprisonnement, est arrivé aux États-Unis mercredi matin, selon des images diffusées par des télévisions américaines.

L'avion qui ramenait M. Fowle, 56 ans, a atterri dans son État de l'Ohio, dans le nord des États-Unis. Entré en Corée au mois d'avril, Jeffrey Fowle avait été emprisonné, officiellement pour avoir laissé une Bible dans un hôtel.

Il a atterri tôt mercredi sur la base aérienne de Wright-Patterson. Les images l'ont montré descendre la passerelle de l'avion avec deux gros sacs à la main avant de se précipiter dans les bras de ses proches qui l'attendaient.

Dès l'annonce de sa libération, Pyongyang avait demandé aux États-Unis que leur ressortissant quitte la Corée du Nord. Celui-ci a transité par l'île américaine de Guam, dans le Pacifique, avant de gagner le continent américain.

M. Fowle, examiné par un médecin dès sa sortie de prison, semble en bonne santé. Le Département d'État n'avait pas souhaité mardi donner de précisions sur les conditions de sa libération.

Pyongyang a décrit celle-ci comme un acte de bonne volonté du dirigeant Kim Jong-un, après les appels répétés du président Barack Obama.

Deux autres ressortissants américains restent toutefois emprisonnés en Corée du Nord. Kenneth Bae a été arrêté en novembre 2012. Accusé d'être un militant chrétien évangéliste cherchant à renverser le gouvernement nord-coréen, il a été condamné à 15 ans de camp de travail.

Matthew Miller a été arrêté en avril et a été condamné à six ans de camp de travail. Selon la Corée du Nord, il a «commis des actes hostiles» en entrant sur son territoire «déguisé en touriste».

Pas de troc avec Pyongyang, selon Kerry



Le secrétaire d'État américain John Kerry a assuré mercredi qu'il n'y avait eu aucun troc avec la Corée du Nord pour obtenir la libération de Jeffrey Fowle.

«Non, il n'y a pas eu de donnant donnant», a affirmé M. Kerry lors d'une visite à Berlin, au lendemain de l'annonce par la Maison-Blanche de la libération de M. Fowle.

«Nous sommes préoccupés par le sort des citoyens américains qui restent en Corée du Nord et nous espérons vivement que la Corée du Nord verra l'avantage qu'elle peut trouver dans leur libération aussi rapidement que possible», a-t-il ajouté.

Concernant Matthew Miller et Kenneth Bae, détenus dans des camps de travail, Mé Kerry a ajouté: «Nous sommes en contact permanent avec leurs familles, nous travaillons à leur libération, nous avons discuté avec les Chinois et d'autres, et nous portons une grande attention à la situation», lors d'une conférence de presse commune avec son homologue allemand, Frank-Walter Steinmeier.

«Un signe d'espoir»

La soeur du détenu Kenneth Bae a estimé que cette libération pouvait être un «signe d'espoir» pour son frère, encore emprisonné en Corée du Nord avec Arthur Miller.

«Jeffrey Fowle a été autorisé à quitter la Corée du Nord», a déclaré Josh Earnest, porte-parole de la Maison Blanche, qui a immédiatement appelé à la libération des deux autres Américains détenus dans ce pays.

«S'il s'agit d'une décision positive de la part de la Corée du Nord, nous restons concentrés sur la détention de Kenneth Bae et Matthew Miller et appelons une nouvelle fois la Corée du Nord à les libérer immédiatement», a dit M. Earnest.

«Notre famille fête la libération de l'Américain Jeffrey Fowle (...) mais nous sommes en même temps dans la peine, car mon frère Kenneth Bae est en camp de travail en Corée du Nord depuis deux ans, avec un avenir incertain», a estimé sa soeur Terri Chung dans un communiqué.

«Nous croyons cependant de manière optimiste que cette libération pourrait être un signe d'espoir pour Kenneth», a-t-elle ajouté, précisant qu'elle espérait parler avec le département d'État pour avoir des éléments sur son frère.

Début septembre, les trois Américains avaient lancé un appel pour demander à Washington d'envoyer un émissaire afin de négocier leur libération avec Pyongyang.

Alors qu'ils étaient surveillés par des représentants du gouvernement, ils avaient évoqué leurs conditions de détention dans une interview à la chaîne CNN, ce qui est très inhabituel en Corée du Nord. Les trois prisonniers étaient dans un hôtel de la capitale nord-coréenne.

Kenneth Bae en particulier avait expliqué que sa santé était déclinante même s'il était traité «autant que possible humainement», demandant à Washington d'agir rapidement.

Washington estime que ces prisonniers sont détenus à des fins politiques par Pyongyang pour obtenir des concessions diplomatiques.

Isolé et étranglé par les sanctions internationales, le régime nord-coréen cherche à relancer les négociations à Six (les deux Corées, la Russie, le Japon, la Chine et les États-Unis) sur l'octroi d'une aide économique internationale en échange d'un arrêt de son programme nucléaire. «Nous espérons reprendre les discussions», a affirmé le serétaire d'État Kerry. «Mais nous avons besoin de plus d'implication de la part de Kim Jong-un et du régime, montrant qu'ils sont prêts à parler sérieusement de ce qui est au coeur des discussions, à savoir la question de la dénucléarisation», a-t-il dit.

«Nous ne voulons pas reprendre les discussions pour le plaisir de discuter», a-t-il insisté, estimant que la Corée du Nord avait continué à travailler sur son programme nucléaire, «de fait, dans un sens encore plus menaçant qu'auparavant».

PHOTO WONG MAYE-E, ARCHIVES AP

Jeffrey Fowle