«Je ne me présente pas cet automne. Michelle en est ravie.» Barack Obama n'est pas candidat, mais est en campagne pour tenter d'empêcher ses adversaires républicains d'emporter le Sénat dans un mois. Sa voix pourrait cependant ne pas peser très lourd.

Reprenant la célèbre phrase de Ronald Reagan lors de son débat face à Jimmy Carter en 1980 - «Êtes-vous dans une meilleure situation aujourd'hui qu'il y a quatre ans?» - M. Obama martèle que les États-Unis sont «clairement dans une meilleure situation» que lorsqu'il est arrivé à la Maison-Blanche, il y a six ans.

À l'approche des élections législatives du 4 novembre qui permettront de renouveler la totalité de la Chambre des représentants et un tiers des sièges du Sénat, le président américain a entamé une série de déplacements pour vanter son bilan économique.

«Pour la première fois en six ans, le taux de chômage est passé sous la barre des 6 %», a-t-il lancé vendredi à Princeton dans l'Indiana. «En moins d'un an, un Américain sur quatre qui n'était pas assuré a gagné la sécurité financière d'une assurance maladie», assénait-il la veille à Evanston, dans l'Illinois.

Mais avec une cote de popularité en berne qui oscille entre 40 % et 45 %, et des chiffres encore moins bons dans les États conservateurs dans lesquels la majorité du Sénat - véritable enjeu du scrutin - pourrait se décider, son influence est réduite.

«Même un président impopulaire a toujours le plus puissant porte-voix du pays», souligne Brendan Doherty, professeur de sciences politiques à la Naval Academy, à Annapolis (Maryland). «Mais la question qui reste ouverte est celle du poids [de sa parole]...»

Ceci explique pourquoi les démocrates ne se bousculent pas pour réclamer la présence sur le terrain de celui qui, lors de son élection en 2008, avait aidé nombre d'entre eux à rejoindre le Congrès.

L'équation des élections législatives de milieu de deuxième mandat est - de plus - toujours délicate pour un président américain, à deux ans de son départ de la Maison-Blanche.

La «raclée» de Bush en 2006 

En 2006, George W. Bush avait essuyé une «raclée» selon ses propres termes, ses amis républicains ayant perdu à la fois la majorité à la Chambre des représentants et au Sénat. Vingt ans plus tôt, les alliés républicains de Ronald Reagan avaient perdu le contrôle du Sénat.

Les deux hommes s'étaient pourtant personnellement impliqués pour tenter de conserver le contrôle - au moins partiel - du Congrès, preuve que les efforts déployés par les présidents - aussi importants soient-il - ont généralement peu d'impact sur ce type de scrutin.

«La chose la plus concrète que le président Obama peut faire pour aider son parti est de lever des fonds», résume Brendan Doherty, rappelant que le 44e président des États-Unis a pris ce rôle très à coeur, avec sa première levée de fonds dès avril 2013 soit moins de 100 jours après sa prestation de serment pour un deuxième mandat.

Sur le front de la politique étrangère, la stratégie de Barack Obama visant à fédérer une large coalition pour contrer les djihadistes de l'organisation Etat islamique (EI) est plutôt bien perçue. Selon un sondage Washington Post/ABC News, 50 % des Américains approuvent sa gestion du dossier EI en Irak et en Syrie. Tous sujets confondus, il n'avait pas enregistré un tel score depuis le début de l'année.

La Maison-Blanche assure qu'elle n'a pas l'intention de politiser les enjeux de ces frappes aériennes pour glaner des votes comme l'avait fait George W. Bush en 2002 dans la foulée des attentats du 11 septembre 2011. Elle sait aussi que les affaires internationales jouent rarement un rôle central dans ce type d'élections où l'emploi et l'économie arrivent systématiquement en tête des préoccupations des Américains.

Dans certains États cependant, les publicités et la tonalité des débats démontrent que les républicains tentent de tirer parti des hésitations de la Maison-Blanche, comme en Caroline du Nord, État qui compte de nombreux militaires et où le scrutin s'annonce particulièrement serré.

«Cela me rend furieuse de voir comment la faiblesse du président a permis à l'organisation de l'État islamique de croître», lance Nancy Anderson, mère d'un Marine dans une publicité pour le républicain Thom Tillis opposé à la sénatrice démocrate Kay Hagan.

«Nous ne pouvons laisser nos enfants mourir en vain. Nous devons changer de sénateur.»