La mortalité ayant résulté de surdoses d'héroïne a doublé de 2010 à 2012 dans une grande partie des États-Unis, ont annoncé jeudi les autorités sanitaires américaines.

Tout aussi troublant, le rapport des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) indique également que le nombre de décès dus à des surdoses de médicaments antidouleur opiacés a représenté en 2012 plus du double de ceux provoqués par des overdoses d'héroïne.

Bien que la majorité des personnes à qui sont prescrits des antalgiques opiacés ne deviennent pas héroïnomanes, des recherches ont montré qu'environ trois nouveaux utilisateurs d'héroïne sur quatre avaient abusé des médicaments opiacés avant de développer une accoutumance à cette drogue, soulignent les CDC.

Ce lien entre ces antidouleurs et l'héroïne n'est pas étonnant puisque cette drogue est un opioïde : ces substances agissent donc sur les mêmes récepteurs du cerveau et produisent les mêmes effets.

En outre, l'héroïne est moins chère que les antalgiques opiacés et il est de plus en plus facile de s'en procurer, selon les auteurs de ce rapport.

«Réduire le nombre d'ordonnances médicales pour des opioïdes qui ne sont pas justifiées est une stratégie cruciale de santé publique pour répondre au problème des overdoses de ces antidouleurs et d'héroïne»,  estime le directeur des CDC, le Dr Tom Frieden.

«Réduire l'usage excessif de ces analgésiques en changeant la manière dont les médecins les prescrivent est le moyen le plus sûr d'empêcher l'usage d'héroïne sur le long terme», juge-t-il.

«Cette étude est une autre indication de la gravité de l'épidémie des surdoses d'opiacés et de son lien avec celle des overdoses d'héroïne», relève le Dr Grant Baldwin, directeur de la division chargée de la prévention des abus de médicaments aux CDC.

Outre la prévention des surdoses d'analgésiques opiacés et d'héroïne, les responsables des CDC soulignent l'importance d'aider ceux qui sont déjà dépendants à ces substances.

Ils recommandent pour cela de faciliter l'accès à certains médicaments comme le naloxone, qui peut inverser les effets d'une surdose d'opioïde ou d'héroïne s'il est administré à temps, ce qui peut aussi sauver des vies.

L'étude a porté sur 28 États américains, qui représentent 56 % de la population américaine. Au total, 3635 personnes y sont mortes par overdose d'héroïne en 2012, contre 1779 en 2010.