Après une intrusion spectaculaire dans la Maison-Blanche, la chef des services secrets, la police d'élite chargée de protéger le président américain, a démissionné mercredi, sur fond de controverse sur l'infaillibilité de la sécurité de Barack Obama.

«Aujourd'hui, Julia Pierson, la directrice des services secrets a présenté sa démission et je l'ai acceptée,» a annoncé le ministre de la Sécurité intérieure Jeh Johnson, dans un communiqué.

La veille, au Congrès, la directrice de cette police d'élite chargée de protéger le président américain, sa famille ou encore les dignitaires étrangers en visite aux États-Unis, avait essuyé les critiques des élus après une récente intrusion dans la Maison-Blanche.

Dans la soirée du 19 septembre, un ancien combattant en Irak a grimpé par-dessus les 2,30 mètres de la grille nord de la Maison-Blanche, puis il a parcouru un peu plus de 60 mètres de pelouse, poursuivi par des agents. Il a réussi à entrer par la porte principale au rez-de-chaussée et à traverser plusieurs salles avant d'être finalement arrêté dans le grand salon nommé «East Room».

Le président venait de quitter la Maison-Blanche. L'intrus, Omar Gonzalez, 42 ans, avait un couteau pliable dans la poche et quantité de munitions ont été plus tard trouvées dans sa voiture.

Originaire du Texas, M. Gonzalez a plaidé non coupable mercredi devant une juge fédérale aux accusations d'intrusion dans un édifice protégé, port d'une arme dangereuse et possession illégale de munitions.

Cette affaire, qui a soulevé l'indignation au Congrès, s'ajoute à d'autres scandales récents au sein des services secrets: en 2012, des agents en mission recevaient des prostituées en Colombie et en mars dernier, d'autres agents étaient retrouvés ivres aux Pays-Bas. En novembre 2011, un homme tirait sur la Maison-Blanche depuis sa voiture, sans être immédiatement repéré, et des impacts de balles n'étaient découverts que plusieurs jours après.

Une commission d'enquête indépendante, chargée d'auditer tout le service, va être créée par la Chambre des représentants.

Sous le feu des questions des parlementaires, Julia Pierson avait reconnu mardi des failles «inacceptables» dans la sécurité de la Maison-Blanche. Elle avait admis que «les plans de sécurité n'avaient pas été exécutés efficacement» et en avait «assumé toute la responsabilité».

«Plus de questions que de réponses»

Mais au lendemain de son audition, peu avant l'annonce de sa démission, des élus avaient exprimé leur défiance et demandé son remplacement.

Son témoignage «a suscité plus de questions que de réponses», avait notamment regretté John Boehner, président de la Chambre, avant l'annonce du départ de Mme Pierson.

«Plus on en apprend, plus il devient évident que les services secrets sont minés par une culture d'autosatisfaction et d'incompétence». «Le président doit donc rapidement déterminer si l'agence est bien servie par sa direction actuelle», avait ajouté le républicain.

Mme Pierson sera remplacée de manière provisoire par Joseph Clancy, lui-même retraité des services secrets, a annoncé le ministre Jeh Johnson qui a toutefois salué les trente années de la directrice au service de cette police d'élite, «l'un des meilleurs services officiels de protection dans le monde».

Il a évoqué les opérations de sécurité ayant entouré les chefs d'État lors de l'Assemblée générale de l'ONU, la semaine dernière à New York, ou encore le Sommet africain en août à Washington.

Le ministre en a profité pour annoncer une «évaluation» des services secrets par un panel d'experts indépendants qui devra lui livrer ses recommandations sur la sécurité de la Maison-Blanche et sur le prochain directeur des service secrets.

Jeh Johnson a en outre chargé son ministre adjoint Alejandro Mayorkas de piloter l'enquête sur l'intrusion du 19 septembre et de lui soumettre ses conclusions avant le 1er novembre.