La directrice du Secret Service, chargé de la sécurité du président américain, a reconnu mardi des failles «inacceptables» dans la sécurité de la Maison-Blanche et promis de réformer le service, devant des parlementaires outrés par l'intrusion récente d'un homme dans la résidence.

Julia Pierson, qui dirige depuis mars 2013 le Secret Service, chargé également de protéger la famille du président et des dignitaires étrangers, a reconnu que les «plans de sécurité n'avaient pas été exécutés efficacement», lors d'une audition à la Chambre des représentants.

«J'assume toute ma responsabilité», a-t-elle lancé. «Ce qui s'est passé est inacceptable, et cela ne se reproduira plus jamais».

Un ancien militaire de 42 ans, Omar Gonzalez, a sauté dans la soirée du 19 septembre par-dessus la grille nord de la Maison-Blanche, puis il a parcouru plus de 20 mètres de pelouse, poursuivi par des agents. En possession d'un couteau pliable, il a réussi à entrer par la porte principale au rez-de-chaussée de la résidence, à faire tomber un agent posté derrière, puis à traverser, poursuivi, deux grandes salles avant d'être finalement plaqué au sol et arrêté, dans le grand salon nommé «East Room».

Dans un premier temps, le Secret Service avait seulement indiqué qu'Omar Gonzalez avait été interpellé «après être entré» par la porte du portique nord.

Cette double porte (une extérieure en verre et une porte intérieure en bois) n'était pas fermée à clef malgré l'alerte, a reconnu Julia Pierson, mais un système de fermeture automatique a depuis été installé, a-t-elle annoncé. Des barrières supplémentaires ont également été installées autour des grilles de la Maison-Blanche.

Julia Pierson, qui avait été nommée pour remettre à flot le service après des scandales, a expliqué que 16 personnes avaient été interpellées après avoir sauté les grilles ces cinq dernières années, dont six depuis un an.

Face à ces «défis», «j'ai l'intention de redoubler d'efforts dans les prochains mois» pour réformer le service, a-t-elle indiqué, affirmant implicitement qu'elle n'entendait pas démissionner.

Questions sur des tirs en 2011

«Inexplicablement, Omar Gonzalez a brisé au moins 'cinq anneaux' de sécurité le 19 septembre. Le complexe de la Maison-Blanche est censé être l'un des plus sécurisés du pays, sinon du monde. Comment diable cela s'est-il produit?», a déclaré Darrell Issa, président de la commission de Supervision et de Réforme du gouvernement.

Le républicain Jason Chaffetz a dénoncé la «retenue» des agents du service, qui n'ont pas ouvert le feu sur Omar Gonzalez.

«Ne laissez personne s'approcher du président!» a-t-il lancé. «À notre époque, avec l'EIIL (groupe État islamique), les terroristes, les bombes improvisées et les bombes sales, nous ne savons pas ce qu'il peut avoir sous ses vêtements. S'ils veulent pénétrer, ils doivent savoir qu'ils seront peut-être tués».

Cette affaire s'ajoute à de nombreux incidents récents.

En novembre 2009, un couple de personnalités de téléréalité a réussi à «s'inviter» à un dîner d'État. En novembre 2011, un tireur, Oscar Ortega-Hernandez, a tiré depuis sa voiture sur la Maison-Blanche. Des agents du service ont eu recours à des prostituées en Colombie en avril 2012, et d'autres se sont saoulés en mission aux Pays-Bas en mars 2014.

Des révélations du Washington Post sur l'épisode de 2011, dimanche, ont montré que le service n'avait découvert que plusieurs jours après l'impact de plusieurs balles sur les murs et la fenêtre blindée de l'étage où vit la famille Obama.

Des questions demeurent aussi sur les raisons pour lesquelles Omar Gonzalez, qui avait été contrôlé par la police en Virginie en juillet et aux abords de la Maison-Blanche en août, ne faisait pas l'objet d'une enquête pour menace contre la famille présidentielle, malgré la possession d'armes et d'une carte désignant la demeure.

Surtout, il avait été reconnu le jour de son intrusion par deux agents, qui ne l'ont pas signalé.

Omar Gonzalez, qui souffre de stress post-traumatique, est actuellement en détention. Sa prochaine audience a été fixée à mercredi.

Le porte-parole de la Maison-Blanche, Josh Earnest, a assuré vendredi que le président maintenait sa «pleine confiance» dans le Secret Service, «y compris dans ses dirigeants, dont la directrice».