Le gouvernement américain a demandé lundi à un juge de maintenir classifiées les méthodes d'interrogatoires auxquelles un détenu irakien de Guantanamo, accusé de crimes de guerre, a été soumis dans une prison secrète de la CIA.

Lors d'une audience devant un juge militaire à Guantanamo, le procureur Mikeal Clayton a estimé que seule l'Autorité originale de classification (OCA) --en général la CIA-- pouvait décider ce qui pouvait être dévoilé dans cette affaire.

Il a assuré qu'il ne souhaitait pas limiter ce que l'accusé, Abd al-Hadi al-Iraqi, 53 ans, «peut dire sur son expérience avant le procès», mais qu'il voulait «trouver le bon équilibre entre un procès juste et la protection des informations touchant à la sécurité nationale».

Le procureur a demandé au juge Kirk Waits que toutes les méthodes d'interrogatoires soient maintenues secrètes et pas seulement «les techniques d'interrogatoires renforcées» qui n'ont, selon lui, pas été utilisées à l'encontre de l'accusé.

Les méthodes d'interrogatoires «renforcées» ont été employées par la CIA dans le cadre de «la guerre contre le terrorisme» décrétée par le président George W. Bush. Ces méthodes comprenaient la privation de sommeil, la mise à nu du détenu ou encore la simulation de noyade.

Ben Stirk, l'avocat d'Abd al-Hadi al-Iraqi, s'est dit «inquiet que des informations secrètes et des éléments à charge secrets ne soient pas accessibles à notre client».

«S'ils ne veulent pas les partager avec l'accusé et son avocat, alors cette affaire ne doit pas continuer», a-t-il ajouté.

Longue barbe grise sur un visage émacié, Abd al-Hadi al-Iraqi, ancien leader militaire présumé des talibans, encourt la prison à vie.

Il est accusé d'avoir appartenu au commandement militaire d'Al-Qaïda aux côtés d'Oussama ben Laden et d'avoir commandité des attentats visant les Américains et leurs alliés en Afghanistan et au Pakistan. Il aurait notamment fomenté une tentative d'assassinat en 2002 contre l'ex-président pakistanais Pervez Musharraf.

Il fait partie d'une quinzaine de détenus «de grande valeur» de Guantanamo qui sont passés par les prisons secrètes de la CIA où certains ont subi des interrogatoires musclés.

Le procureur Clayton s'est félicité qu'un différé de 40 secondes permette de contrôler les informations classifiées au tribunal de Guantanamo. Tout ce qui y est dit est transmis aux médias et sur une base militaire de Fort Meade, près de Washington, avec un différé de 40 secondes, permettant à la censure d'agir.

C'est le dixième détenu de Guantanamo à être renvoyé devant un tribunal militaire par l'administration Obama. Depuis l'ouverture de la prison en janvier 2002, huit détenus ont été jugés et condamnés sur les 779 hommes passés par ses geôles. Il en reste aujourd'hui 149.