Pour la première fois depuis janvier 2008, Hillary Clinton est retournée dimanche en Iowa, cet État rural du Midwest qui lui avait préféré Barack Obama et John Edwards dès l'amorce d'une course à l'investiture démocrate qui allait lui réserver d'autres surprises amères.

Accompagnée de son mari Bill, l'ancienne secrétaire d'État américaine a prononcé un discours résolument politique devant les quelque 5000 participants au 37e et dernier «steak fry» annuel du sénateur d'Iowa Tom Harkin. Bien ancrée dans le folklore politique américain, cette activité de collecte de fonds tenue dans un décor champêtre est depuis longtemps un rendez-vous incontournable pour les prétendants démocrates à la Maison-Blanche.

Mais Hillary Clinton n'a pas voulu profiter de l'occasion pour préciser ses intentions concernant son avenir politique, chose qu'elle a promis de faire au début de 2015.

«C'est vrai, j'y pense», a-t-elle déclaré, debout devant un pupitre, drapeau américain en toile de fond, en faisant allusion à une candidature présidentielle. «Mais ce n'est pas pourquoi je suis ici aujourd'hui. Je suis ici pour le steak», a-t-elle ajouté à la blague.

Coup de pouce de mi-mandat

En fait, Hillary Clinton et son mari étaient officiellement sur place à l'invitation de leur bon ami Tom, auquel ils souhaitaient rendre hommage à la veille de son retrait de la vie politique.

Les Clinton tenaient aussi à donner un coup de pouce aux candidats qui représenteront le Parti démocrate en Iowa à l'occasion des élections de mi-mandat, en novembre.

«Dans 50 jours, les électeurs de l'Iowa ont un choix et une chance», a déclaré l'ex-première dame des États-Unis. «Un choix entre les gardiens du blocage et les champions de l'occasion et de la prospérité partagées. Une chance d'élire des leaders qui continueront le combat de Tom en faveur des familles de travailleurs honnêtes.»

N'empêche, les quelque 200 journalistes accrédités pour couvrir l'événement ont vu dans la présence de l'ancienne rivale de Barack Obama une preuve supplémentaire de ses ambitions présidentielles. Plusieurs d'entre eux n'ont d'ailleurs pas manqué de souligner que son discours en faveur des candidats démocrates de 2014 pourrait lui valoir de précieux appuis dans une campagne présidentielle éventuelle en 2016.

Chose certaine, les partisans d'Hillary Clinton, eux, sont «prêts», un mot qui se retrouvait sur de nombreuses affiches autour du lieu du «steak fry»: «Prêts» tout court, «Prêts à voter» (en 2014) et «Prêts pour Hillary» (en 2016).

Ces affiches avaient été distribuées par les militants du groupe Ready for Hillary, déjà actif dans les 50 États de l'Union américaine et les 99 comtés de l'Iowa.

Vulnérabilités

Le retour d'Hillary Clinton dans cet État marquait la fin d'un été qui aura mis en relief certaines de ses vulnérabilités, sans toutefois compromettre sa position dominante parmi les candidats pressentis à l'investiture démocrate pour l'élection présidentielle de 2016.

Publié en juin, Le temps des décisions, ses mémoires sur ses années à la tête du département d'État, a confirmé sa très grande prudence, qui l'a poussée à noyer ses opinions ou ses désaccords dans un flot d'anecdotes plus ou moins intéressantes ou éclairantes.

Ses propos malhabiles au sujet de la nouvelle richesse de sa famille l'ont par ailleurs fait paraître déconnectée de la réalité des Américains ordinaires ou rouillée sur le plan politique.

Et les déboires de la politique étrangère de Barack Obama l'ont incitée à se distancier de lui de manière plutôt opportuniste.

«Les grandes nations ont besoin de principes directeurs, et "ne pas faire des choses stupides" n'est pas un principe directeur», a-t-elle dit dans une interview publiée en août, tout en dénonçant «l'échec» de la politique syrienne de son ancien patron.

Mais Hillary Clinton demeure la grande favorite parmi les candidats potentiels à l'investiture démocrate. Selon un sondage publié vendredi par CNN, elle obtient 53% des intentions de vote en Iowa, contre 15% pour son plus proche rival, Joe Biden, 7% pour la sénatrice du Massachusetts Elizabeth Warren, 5% pour le sénateur du Vermont Bernie Sanders, 3% pour le gouverneur de New York Andrew Cuomo et 2% pour le gouverneur du Maryland Martin O'Malley.

Ce baromètre explique peut-être pourquoi les rivaux potentiels d'Hillary Clinton ont décidé de se tenir loin de l'Iowa, dimanche. Pour l'heure, les démocrates de cet État ne semblent n'avoir d'yeux que pour la candidate malheureuse de 2008.