Le président Barack Obama a appelé jeudi les Américains à ne jamais «céder à la peur» en commémorant les attentats du 11-septembre au lendemain de l'annonce d'une vaste opération militaire contre l'État islamique en Irak et en Syrie.

M. Obama et son épouse Michelle ont marqué une minute de silence sur la pelouse de la Maison-Blanche à 8h46, l'heure à laquelle le premier avion de ligne détourné a percuté l'une des deux tours du World Trade Center (WTC).

Le président américain s'est ensuite rendu au Pentagone, où l'un des quatre avions détournés par les terroristes au matin du 11 septembre 2001 s'était écrasé.

«Ils ont tenté de détruire ce que nous sommes et de prouver au monde que leur pouvoir de destruction était plus grand que notre capacité à persévérer et à construire», a déclaré M. Obama, évoquant les quelque 3000 victimes de ces attentats.

«Mais nous allons de l'avant, car nous ne cédons jamais à la peur. Jamais», a-t-il poursuivi, 12 heures après avoir annoncé que les États-Unis étaient prêts à lancer des frappes aériennes en Syrie pour «détruire» le groupe jihadiste ultra-radical qui a revendiqué la décapitation de deux journalistes américains.

À New York, les familles des victimes se sont rassemblées à Ground Zero, autour du mémorial national créé sur le site où étaient érigées les deux tours.

Treize ans après les attentats revendiqués par Al-Qaïda, la menace a évolué et M. Obama assure «qu'aucun complot spécifique sur le sol américain» émanant de l'EI n'a été identifié à ce jour.

Mais son discours solennel de mercredi démontre que la page de l'engagement militaire américain au Moyen-Orient est loin d'être tournée.

Et si le pays s'apprête à mener un autre type de combat, sans troupes de combats au sol et avec l'appui d'une vaste coalition internationale, il est désormais probable qu'en quittant la Maison-Blanche en janvier 2017, Barack Obama laisse à son successeur un chapitre non achevé, comme George W. Bush l'avait fait avec les guerres en Irak et Afghanistan.

«Cette «guerre» ou «bataille» est extrêmement complexe, incertaine, sujette à des retournements, et demandera de la patience durant toute la durée de cette administration et au-delà», résume Anthony Cordesman, du Center for Strategic and International Studies (CSIS), qui avertit que «les intérêts partisans et la frustration de l'opinion» pourraient menacer cette stratégie.

«Détruire l'EI, objectif trop ambitieux»

Élu en 2008 en partie sur son opposition à la guerre en Irak, M. Obama a tenté mercredi soir de tracer une ligne nette entre les guerres lancées par son prédécesseur républicain et la campagne qu'il entend mener, plus proche selon lui, des opérations américaines contre les islamistes au Yémen ou en Somalie.

Pour le sénateur républicain Marco Rubio, candidat potentiel à la Maison-Blanche en 2016, cette comparaison est une erreur tant la nature de la menace est différente. «L'EI n'est pas seulement un groupe terroriste. Ils mènent des opérations militaires, ils sont bien financés, ils contrôlent un territoire de la taille de l'État du Maryland», a-t-il souligné.

Et si la tâche s'annonce compliquée en Irak, elle pourrait se transformer en véritable casse-tête en Syrie, où Washington partage désormais un ennemi commun avec le président Bachar al-Assad.

L'administration Obama, qui veut renforcer son aide à l'opposition modérée, martèle sa conviction qu'elle n'a pas à choisir entre le régime Assad et les jihadistes de l'EI.

«Nous ne pensons pas que nos efforts en Syrie offriront une ouverture à Assad», commente un responsable américain sous couvert d'anonymat. «Honnêtement, si l'EI est affaibli dans ces régions, les forces qui ont le plus de chance d'en bénéficier sont les autres composantes de l'opposition», assure-t-il.

La Maison-Blanche a insisté jeudi sur le fait que M. Obama était en position d'ordonner des frappes en vertu de la loi sur l'Autorisation de l'usage de la force militaire (AUMF) votée il y a 13 ans, quelques jours après les attentats du 11 septembre.

Pour Anthony Cordesman, le plan d'action présenté par M. Obama «a une bonne chance d'atteindre la moitié de ses objectifs: affaiblir sérieusement l'EI, ce qui pourrait être suffisant pour l'empêcher de fonctionner comme un quasi-État».

««Détruire» l'EI est cependant probablement un objectif beaucoup trop ambitieux».