Les parents du journaliste américain James Foley, sauvagement exécuté, ont confié dimanche prier pour les otages en Syrie, lors de la messe des obsèques dans sa ville de Rochester, dans le New Hampshire (nord-est).

Peu avant la messe en l'église Our Lady of the Rosary, à Rochester, John et Diane Foley ont confié à l'AFP combien ils espéraient que leur fils, tué à 40 ans, devienne un exemple pour ceux qui défendent la liberté de la presse et la paix dans le monde.

Ils ont également appelé de leurs voeux la libération d'autres journalistes enlevés, notamment Steven Sotloff, un Américain de 31 ans, détenu avec leur fils et menacé de mort sur la vidéo où l'on voit l'exécution de James Foley par un combattant masqué de l'État islamique (EI).

Au moment même où se déroulait la messe, sous les auspices de l'évêque de Manchester Peter Libasci, un autre Américain en captivité en Syrie, Peter Theo Curtis, 45 ans, a été libéré, a annoncé le secrétaire d'État John Kerry.

«Amour et espoir»

«James défendait l'amour et l'espoir», a confié Diane Foley. «Il était parti en Syrie pour être témoin de la souffrance afin que le monde sache et fasse quelque chose pour alléger leur peine».

Le couple a expliqué vouloir fonder une organisation caritative pour protéger les journalistes indépendants en zone de guerre, et a précisé que l'université Marquette, dont leur fils était diplômé, était en train d'ouvrir une bourse à son nom.

Pour eux, la vie de James doit servir d'exemple pour faire davantage attention à «son prochain», a encore expliqué son père John Foley.

Ils ont ainsi raconté comment leur fils, en plus de travailler pour l'Agence France-Presse et le site d'informations GlobalPost, avait réuni des fonds pour financer une ambulance pour des civils syriens et pour la famille d'Anton Hammerl, un collègue sud-africain tué en Libye.

James Foley avait été enlevé en 2012 dans le nord de la Syrie par des hommes armés. Lundi, une vidéo diffusée sur internet puis censurée montrait un homme masqué et habillé de noir qui tranche la gorge de James Foley.

L'EI, un groupe de jihadistes extrémistes qui veut instaurer un califat en Irak et en Syrie, avait ensuite affirmé avoir décapité le journaliste et menacé de tuer Steven Sotloff en représailles aux frappes aériennes américaines en Irak.

Les frappes n'ont pas cessé depuis et les services de renseignement étaient «sur le point» d'identifier le djihadiste qui a tué James Foley et qui, sur la vidéo, s'exprimait en anglais avec un accent londonien, a indiqué l'ambassadeur de Grande-Bretagne à Washington, Peter Westmacott.

«Au moins jusqu'à Noël»

«Il y a tant de gens qui souffrent au Moyen-Orient en ce moment, et il y a de nombreux otages en captivité, alors cette messe est pour tous ceux qui espèrent la paix et est aussi à la mémoire de Jim», a ajouté Diane Foley.

«Nous prions pour les otages restants et en particulier pour Steven Sotloff. Nous gardons espoir que quelque chose sera fait pour lui épargner pareille fin», a renchéri John Foley.

Le couple a reçu une ovation debout de plusieurs centaines de personnes présentes à la cérémonie, visiblement émues par la dignité des époux Foley face à leur calvaire. Un message du pape François a aussi été lu pendant la cérémonie.

Aussi bien Mgr Libasci que les parents de James Foley ont souligné combien sa foi catholique l'avait accompagné tout au long et comment, selon d'anciens otages qui avaient pu le côtoyer pendant sa captivité, il s'était appuyé dessus pour rester fort et soutenir les autres.

«Il a vécu ce en quoi il croyait» et il a pu «vivre sa foi tout en priant», a affirmé Mgr Libasci à l'AFP.

Dimanche, étaient également présents à la messe, à l'invitation de la famille, des Américano-Syriens membres de la communauté musulmane du New Hampshire.

Dans un moment d'émotion, Diane Foley a confié que la famille avait été troublée lorsque James, qui avait déjà été retenu en otage pendant plusieurs semaines en Libye, avait décidé de retourner dans ce pays puis d'aller en Syrie.

Elle s'est souvenue qu'un jour de la fin 2012, avant son dernier départ, elle l'avait supplié de rester «au moins jusqu'à Noël».

«Il a répondu: 'Ah, maman, je serai de retour pour Noël, mais je dois y aller'. Il sentait qu'il avait un travail à faire».

Photo DOMINICK REUTER, AFP

Le couple a reçu une ovation debout de plusieurs centaines de personnes présentes à la cérémonie, visiblement émues par la dignité des époux Foley face à leur calvaire. 

Photo Carlo Allegri, Reuters

Le journaliste américain James Foley, enlevé en novembre 2012, a été décapité par ses ravisseurs en Syrie.