Depuis samedi, les citoyens noirs de Ferguson, ville de la banlieue de Saint-Louis, ne décolèrent pas. «Ne tirez pas!», scandent-ils dans la rue, les mains en l'air, protestant ainsi contre la police locale, dont l'un des agents a abattu Michael Brown, un jeune homme noir de 18 ans. Retour sur cette mort qui a provoqué des émeutes à Ferguson et ravivé les tensions raciales aux États-Unis.

Q : Comment Michael Brown est-il mort?

R : Les versions diffèrent. Selon Joe Belmar, chef de la police du comté de Saint-Louis, Michael Brown a été blessé mortellement après avoir agressé un policier de Ferguson et tenté de lui dérober son arme. Un premier coup de feu a été tiré de la voiture du policier, selon cette version. Puis le policier est sorti du véhicule et a tiré à plusieurs reprises en direction de du jeune homme. Celui-ci s'est affaissé à 10 mètres de la voiture de police, vers 14h15, samedi. Des témoins ont contredit cette version. Selon eux, Brown et un ami ont été interpellés par le policier alors qu'ils marchaient au milieu de la rue. Une altercation verbale a suivi et le policier a tenté de faire entrer Brown dans sa voiture. Le jeune homme aurait résisté et se serait éloigné de l'automobile avant de se retourner, les mains en l'air, pour montrer qu'il n'était pas armé. Le policier aurait alors commencé à tirer dans sa direction.

Q : Que sait-on de Michael Brown?

R : Le jeune homme devait commencer lundi des études au Vatterott College après avoir obtenu un diplôme du Normandy High School à Saint-Louis. Selon ses proches, ce géant de près de 2 mètres rêvait de se lancer en affaires. Le jour de sa mort, il visitait sa grand-mère, Desuirea Harris, qui vit à Ferguson, une ville ouvrière. Blessé samedi, il a succombé à ses blessures dans la journée.

Q : Le policier a-t-il été identifié?

R : Il devait l'être hier, mais le chef de la police de Ferguson, Thomas Jackson, a décidé de taire son identité. Il a expliqué cette décision en évoquant les menaces proférées à l'endroit d'un autre policier de la ville faussement accusé sur les médias sociaux d'être le tireur. Tout ce que l'on sait du policier impliqué dans la mort de Michael Brown est qu'il fait partie de la force policière de Ferguson depuis six ans.

Q : Qui enquêtera sur cette affaire?

R : Un policier de Ferguson étant impliqué dans cette affaire, il reviendra à la police du comté de Saint-Louis de mener l'enquête. Mais elle ne sera pas le seul corps policier à s'intéresser à l'affaire. Le FBI a ouvert sa propre enquête sur la mort de Michael Brown. Selon le ministre de la Justice Eric Holder, l'incident mérite «une enquête complète». «Mener à fond de telles investigations est très important pour préserver la confiance entre la police et les communautés qu'elle sert», a-t-il dit.

Q : Quelles réactions la mort de Michael Brown a-t-elle provoquées?

R : La ville de Ferguson a connu deux nuits d'émeutes après la mort du jeune homme. Plusieurs membres de la communauté noire de cette ville de 21 000 habitants sont descendus dans la rue pour protester pacifiquement contre la police locale, mais d'autres ont profité de l'occasion pour piller des magasins, fracasser des vitrines et endommager des voitures. Lundi soir, la police de Ferguson a utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser la foule. La mort de Michael Brown a également eu un retentissement national. Sur les réseaux sociaux et dans les médias traditionnels, elle a été comparée à celle de Trayvon Martin, l'adolescent noir de Floride abattu en 2012 par George Zimmerman, ce vigile acquitté par la suite. Elle suit également de près la mort d'un autre Afro-Américain, Eric Garner, lors de son arrestation musclée à New York à la mi-juillet. «Il s'agit d'une autre mort insensée d'une autre personne de couleur», a déclaré lundi l'avocat Benjamin Crump, qui a représenté la famille de Trayvon Martin et auquel celle de Michael Brown a fait appel.