Le dernier survivant de l'équipage de l'avion ayant jeté la bombe atomique sur Hiroshima est mort dans le sud de la Géorgie, lundi.

Theodore VanKirk, surnommé Dutch, est décédé de cause naturelle dans une maison de retraite, a indiqué son fils Tom. Il était âgé de 93 ans.

L'homme a participé à près de 60 missions de bombardement mais une seule l'a fait entrer dans les livres d'histoire. Le 6 août 1945, il était le navigateur à bord de l'Enola Gay, la superforteresse B-29 qui a largué la première bombe atomique utilisée comme arme de guerre sur la ville japonaise d'Hiroshima, le 6 août 1945. L'appareil comptait 12 hommes d'équipage.

La mission s'est déroulée parfaitement, a raconté M. VanKirk lors d'une entrevue accordée à l'Associated Press, en 2005. L'appareil a survolé sa cible avec un retard de seulement 15 secondes. Alors que la bombe pesant 4080 kilomètres surnommée «Little Boy» tombait sur la ville, ses coéquipiers et lui espéraient pouvoir s'en sortir sains et saufs.

L'équipage ne savait pas si la bombe fonctionnerait ou si l'onde de choc mettrait l'appareil en pièces. Ils ont compté - mille-et-un, mille-et-deux - car leurs supérieurs leur avaient dit que la bombe exploserait au bout de 43 secondes. Or à la fin de ce délai, ils ont tendu l'oreille mais ils n'ont rien entendu.

«Tout le monde dans l'appareil a alors conclu que la bombe était un gros pétard mouillé», se rappelait M. VanKirk.

Et vint l'éclair. Une première onde de choc, et une autre.

L'explosion et ses conséquences ont tué 140 000 personnes à Hiroshima.

Trois jours plus tard, une deuxième bombe atomique était larguée sur Nagasaki, tuant 80 000 personnes. Six autres jours, le Japon acceptait de capituler.

M. VanKirk estimait que la bombe atomique a permis de raccourcir la guerre et sauver des vies. Sans cette arme, les Alliés auraient dû envahir le Japon, une opération militaire qui aurait été encore plus coûteuse en vies humaines. «Je pense sincèrement que la bombe atomique a sauvé des vies à long terme. Nous avons sauvé plusieurs vies. Et la majorité d'entre elle étaient japonaises.»

Mais l'arme a rendu le navigateur méfiant face à la guerre. «Les armes atomiques ne règlent rien, avait-il dit. Il ne devrait pas avoir d'armes atomiques sur la Terre. J'aimerais qu'on les élimine. Mais si mon ennemi en a une, je veux en avoir une de plus.»

M. VanKirk est demeuré au sein des forces aériennes des États-Unis jusqu'en 1946. Il est ensuite allé à l'université, obtenu un diplôme en ingénierie chimique et travaillé chez DuPont jusqu'à sa retraite en 1985.

Comme plusieurs autres vétérans, M. VanKirk ne parlait pas beaucoup de son service militaire. «Je n'ai découvert qu'il avait participé à cette mission qu'à l'âge de 10 ans en lisant des vieux articles de journaux dans le grenier de ma grand-mère», a dit Tom VanKirk à l'Associated Press.