Décidément, Bill Clinton ne recule devant rien pour s'assurer que sa femme accède à la présidence. Il ne lui a pas seulement conseillé d'exploiter à fond sa mort si celle-ci survenait pendant la prochaine campagne présidentielle. Il lui a également suggéré de se faire remonter le visage.

«On ne gagne pas la Maison-Blanche ces temps-ci en ayant l'air vieux et mal fagoté», a déclaré l'ancien président américain à Hillary, selon Blood Feud, un sulfureux bestseller signé par Edward Klein, ancien éditeur du magazine du New York Times et de Newsweek.

«Va te faire foutre. Fais-toi faire un lifting toi-même», a répondu l'ancienne secrétaire d'État à son mari, selon Klein.

«Et c'est exactement ce que Bill a fait. Il est allé voir un spécialiste de la chirurgie esthétique de Beverly Hills et s'est fait faire un lifting du cou. Il a également reçu du Botox et subi un autre traitement pour son nez bulbeux», a précisé l'auteur.

Sources anonymes

Comme Edward Klein dit tenir ces renseignements d'une «amie» non identifiée d'Hillary, nul n'est tenu d'y croire. Or, malgré ses nombreuses exclusivités invraisemblables, Blood Feud a devancé cette semaine les mémoires d'Hillary Clinton, intitulés Hard Choices, sur la liste des best-sellers, y compris celle du New York Times, où l'un a glissé au cinquième rang et l'autre est passé au deuxième.

Les mémoires de Clinton, rappelons-le, portent sur ses quatre années à la tête de la diplomatie américaine. La sortie de l'ouvrage donne lieu depuis le 10 juin à une tournée de promotion qui ressemble à un début de campagne présidentielle.

Le livre de Klein traite des relations conflictuelles entre les Obama et les Clinton, et aussi entre les membres de ces couples. L'auteur attribue la déclaration suivante à Bill Clinton: «Je hais cet homme Obama plus que tout autre homme que j'ai rencontré, plus que tout homme ayant jamais vécu.» Il croit aussi savoir que Michelle Obama a donné à Hillary le surnom de «Hildebeest», un jeu de mots associant l'ex-première dame à un gnou.

Blood Feud fait notamment suite à un best-sellerpublié en 2005 et intitulé The Truth About Hillary. Dans ce livre, Klein affirme notamment que la femme de Bill Clinton est une lesbienne et que Chelsea est le fruit d'un viol.

Peu d'impact politique

Mais qui donc achète ce genre de livres dont les sources, si elles existent vraiment, s'expriment toujours sous le couvert de l'anonymat? Et ces livres ont-ils un impact politique?

À la première question, Todd Gitlin, professeur de journalisme à l'Université Columbia, fournit cette réponse à La Presse: «C'est toujours difficile de savoir qui achète un produit en particulier, mais il est juste de dire que l'auditoire cible est formé de ceux qui haïssent Hillary. Et c'est la même foule de droite qui permet à plusieurs livres de droite de se hisser sur les listes de best-sellers.»

Quant à l'impact politique de ces livres, il est nul, selon le professeur. «Du moins, je doute que les gens qui ne haïssent pas déjà Hillary y prêteront attention.»

En fait, certains des pourfendeurs professionnels d'Hillary Clinton ont accueilli avec scepticisme les plus récentes allégations de Klein, qui se targue d'avoir interviewé «des dizaines et des dizaines » de personnes.