Ahmed Abou Khattala, accusé d'être un artisan de l'attaque meurtrière contre le consulat américain à Benghazi en Libye en 2012, a comparu mercredi devant la justice fédérale, où le gouvernement Obama a invoqué «le danger» qu'il représente pour obtenir son maintien en détention.

Son avocate Michelle Peterson ne s'est pas opposée à ce que le Libyen reste incarcéré, en attendant d'obtenir les éléments à charge prouvant qu'il est effectivement «directement impliqué dans l'attaque» et qui, pour l'instant, ne lui auraient pas été procurés.

Vêtu d'une combinaison verte de prisonnier, le suspect, âgé d'environ 43 ans, est apparu sans menottes, avec les cheveux ébouriffés et une barbe touffue poivre et sel. Pendant l'audience d'une vingtaine de minutes, il ne s'est exprimé qu'à voix basse.

Pour le gouvernement, l'assistant du procureur Michael DiLorenzo a insisté sur «la gravité du délit» et «le danger aux personnes» que le prisonnier représente, pour plaider et finalement obtenir son maintien en détention. Il a argué aussi «du risque de fuite» d'Abou Khattala, qui «n'a absolument aucun lien avec les États-Unis» et de l'absence de «traité d'extradition en Libye».

Dans un document judiciaire transmis lundi soir à la juge Deborah Robinson, l'accusation souligne que «les preuves sont fortes contre l'accusé» avec de nombreux témoignages et des éléments physiques attestant de son implication.

Le suspect a lui-même fait des «déclarations spontanées corroborant des faits-clés», depuis sa capture le 15 juin en Libye. Sa «participation à l'attaque était motivée par son idéologie extrémiste» car il avait exprimé sa «préoccupation et son opposition à la présence d'une installation américaine à Benghazi».

«L'accusé avait exprimé de manière répétée sa haine des Américains et fait part de ses intentions d'attaquer les intérêts américains et occidentaux», ajoute l'accusation.

En outre, Abou Khattala, présenté comme le commandant d'une milice terroriste, a continué, après l'attentat, «de faire part de ses projets d'autres attaques meurtrières» auprès de ses nombreux contacts parmi les organisations extrémistes, peut-on lire encore dans le document judiciaire.

«M. Khattala a passé des décennies à combattre Kadhafi et son régime», a rétorqué l'avocate. «Le gouvernement prétend qu'il est dangereux parce qu'il était armé» lors de son arrestation, mais «il n'est pas évident qu'il ait été directement impliqué dans l'attaque» contre le consulat de Benghazi, a-t-elle ajouté.

«Le gouvernement nous a fourni un nombre très limité d'éléments à charge, ce matin», a ajouté Me Peterson, en réclamant que ces informations lui soient transmises dans les meilleurs délais. Une autre audience est prévue à ce sujet le 8 juillet à 11 h locales devant le tribunal fédéral de Washington.

Abou Khattala a plaidé non coupable samedi de «conspiration en vue d'apporter un soutien matériel à des terroristes» lors de l'attentat contre le consulat américain à Benghazi, le 11 septembre 2012.

Il encourt pour l'heure la prison à vie, mais le ministre de la Justice Eric Holder a annoncé qu'il serait sans doute ultérieurement inculpé pour d'autres chefs, qui pourraient lui faire encourir la peine de mort.

L'attaque, symboliquement organisée le jour anniversaire des attentats du 11 septembre 2001, avait coûté la vie à l'ambassadeur américain en Libye Christopher Stevens et à trois autres agents américains.