Ahmed Abou Khattala, responsable présumé de l'attaque meurtrière contre le consulat américain à Benghazi en Libye le 11 septembre 2012, a plaidé non coupable samedi lors de sa première comparution devant un tribunal fédéral à Washington.

L'attaque, symboliquement organisée le jour anniversaire des attentats du 11 septembre 2001, avait coûté la vie à l'ambassadeur américain en Libye Christopher Stevens et trois autres agents américains.

Au cours de sa première comparution devant la justice américaine, Ahmed Abou Khattala a été officiellement inculpé pour «conspiration en vue d'apporter un soutien matériel à des terroristes», a indiqué le département de la Justice dans un communiqué.

«L'enquête se poursuit et le département de la Justice pourrait ajouter d'autres inculpations», a encore expliqué le ministère.

Sa prochaine comparution est prévue mercredi à 11 h. D'après la chaîne ABC News, le suspect, qui aurait environ 43 ans, a suivi l'audience à travers un interprète et ne s'est que très brièvement exprimé, à voix basse.

Le Libyen avait été transféré très tôt samedi à Washington par hélicoptère depuis un navire de la marine américaine, a expliqué un responsable gouvernemental à l'AFP.

Ahmed Abou Khattala avait été capturé il y a deux semaines lors d'un raid des Forces spéciales américaines près de Benghazi, dans l'Est libyen, organisé en étroite collaboration avec le FBI.

Après son arrestation, il avait été transféré sur le bâtiment de la Marine américaine qui l'a ensuite transporté vers les États-Unis.

«Maintenant qu'Ahmed Abou Khattala est aux États-Unis, il va ressentir tout le poids de notre système judiciaire», a réagi le ministre de la Justice, Eric Holder, cité dans le communiqué de son département.

Vive controverse

En 2012, le Times était parvenu à interroger Ahmed Abou Khattala. Ce dernier avait admis être présent lors de l'assaut contre la mission américaine de Benghazi, sans toutefois en endosser la pleine responsabilité.

Dans la foulée de son arrestation, les États-Unis s'étaient justifiés auprès du Conseil de sécurité des Nations unies, assurant que l'homme était «un personnage-clé» de l'attaque et qu'il «continuait à préparer des attaques à main armée contre des Américains».

De son côté, la Libye avait dénoncé sa capture et condamné «une atteinte regrettable à (sa) souveraineté».

L'attentat de Benghazi avait non seulement provoqué une vague d'effroi aux États-Unis, mais aussi une vive polémique à Washington.

Depuis l'attaque, les républicains accusent l'administration de Barack Obama en général et Hillary Clinton en particulier - elle était au moment des faits à la tête du département d'État - d'avoir dissimulé des informations en pleine campagne électorale présidentielle.

L'exécutif avait expliqué dans un premier temps que l'attentat avait été provoqué par la publication d'une vidéo islamophobe sur YouTube, une version rapidement contredite.

Depuis, des milliers de pages de documents internes ont été fournies par l'exécutif au Congrès, mais les républicains restent persuadés que la Maison-Blanche n'a pas tout dit et cherchent des preuves d'une manipulation.

Dans ses mémoires publiées ce mois-ci, Hillary Clinton, candidate pressentie à la course à la Maison-Blanche en 2016, dénonce «ceux qui utilisent sans relâche cette tragédie à des fins politiciennes».