Barack Obama a annoncé mardi le maintien de 9800 militaires américains en Afghanistan au-delà de la fin 2014 avant un retrait complet deux ans plus tard, et dit vouloir ainsi «tourner la page» des guerres de l'après 11-Septembre.

L'application de ce calendrier, a prévenu le président américain lors d'une intervention depuis la Maison-Blanche, dépendra de la signature par le futur président afghan du Traité bilatéral de sécurité (BSA) encadrant les conditions d'une présence militaire américaine.

Le président Hamid Karzaï, qui est en fin de mandat, a refusé de parapher le BSA, au grand déplaisir de Washington. Toutefois, les deux candidats qualifiés pour le second tour de la présidentielle afghane du 14 juin, Ashraf Ghani et Abdullah Abdullah, ont annoncé qu'ils le signeraient.

M. Obama a relevé ces engagements et fait part de son «espoir» d'officialiser un accord «essentiel pour donner à nos soldats l'autorité dont ils auront besoin pour remplir leur mission, tout en respectant la souveraineté afghane».

À partir de début 2015, les troupes américaines seront chargées de deux missions: la poursuite d'«opérations antiterroristes contre les restes d'al-Qaïda» et l'entraînement des forces afghanes. Elles permettront en outre d'assurer aux forces afghanes un soutien, notamment dans le domaine aérien, parent pauvre de l'armée afghane, face aux insurgés talibans.

L'Alliance atlantique, qui achève sa mission de combat en Afghanistan à la fin de l'année, a elle aussi annoncé il y a plusieurs mois qu'elle comptait maintenir une présence en Afghanistan afin de continuer à former les troupes afghanes après 2014.

Un responsable de la présidence a indiqué mardi que M. Obama avait parlé lundi aux chefs des gouvernements allemand Angela Merkel, italien Matteo Renzi et britannique David Cameron pour parler de ce dossier. Le président américain a aussi appelé M. Karzaï mardi matin, selon la même source.

Les États-Unis disposent actuellement de 32 800 hommes en Afghanistan, épaulés par 17 700 alliés et de 340 600 soldats et policiers afghans, selon des chiffres du Pentagone.

De 9800 hommes en 2015, la présence américaine sera réduite «de moitié» à la fin de cette année-là et essentiellement concentrée sur l'immense base aérienne de Bagram et à Kaboul, pour arriver à un retrait complet un an plus tard, avec une présence résiduelle de 200 militaires au sein de l'ambassade pour la coopération militaire bilatérale traditionnelle.

«Pas un endroit parfait» 

Ce calendrier permettrait à M. Obama de voir les derniers soldats américains rentrer à la fin 2016, à quelques jours de la fin de son second mandat.

Après avoir retiré les troupes américaines d'Irak fin 2011, il quitterait alors la Maison-Blanche en ayant mis fin aux deux sanglants conflits qui ont marqué les États-Unis depuis les attentats de 2001 et ont coûté la vie à plus de 6800 militaires américains.

Le président s'exprimait deux jours après une visite éclair sur la base de Bagram, au nord de Kaboul, où il a rendu hommage aux soldats, et à la veille d'un discours sur ses priorités de politique étrangère à l'académie militaire de West Point (New York).

Il en a donné un aperçu des thèmes en disant vouloir «tourner la page de plus d'une décennie pendant laquelle notre politique étrangère a été surtout consacrée aux guerres en Afghanistan et en Irak».

«Je pense que les Américains ont compris qu'il était plus difficile de mettre fin aux guerres qu'à les déclencher», a ajouté le président, qui s'était fait un nom sur la scène politique nationale en 2002 en s'opposant aux projets de son prédécesseur républicain George W. Bush d'envahir l'Irak.

Alors que l'Irak reste la proie de graves violences et que le doute plane sur la viabilité du pouvoir central afghan après le départ des forces de l'OTAN, M. Obama a aussi concédé que «l'Afghanistan ne sera pas un endroit parfait, et ce n'est pas aux États-Unis de le rendre ainsi».

Mais «nous ne laisserons jamais à Al-Qaïda le sanctuaire dont (la nébuleuse extrémiste) jouissait avant le 11-Septembre», a-t-il promis.

Le chef républicain de la commission des forces armées à la Chambre des représentants a salué la décision de M. Obama de respecter les souhaits énoncés par l'armée, mais a estimé que fixer une échéance pour un retrait complet n'était pas logique. «Est-ce que le président veut reproduire ses erreurs de l'Irak, quand il a abandonné la région au chaos»? s'est interrogé Howard McKeon.

Le groupe pacifiste «Peace Action» a assuré pour sa part qu'il n'existait pas «de preuves solides du fait que (...) laisser des soldats et des contractuels en Afghanistan à l'issue de cette année améliorera la sécurité des Américains».